• twitter
  • facebook
  • youtube

Connexion

Partie 5 - Créatures, pirates et ninja

Chapitre 10 - I've got a hangover (Wohoh !)

le 16 septembre 2015

Elyonah fut la première à ouvrir la porte de sa chambre. Elle portait une chemise légère beaucoup trop féminine par rapport à son style habituel, si bien que Xathote, qui ouvrit la porte juste après elle, eut peine à la reconnaître.
-Bonjour, murmura-t-il en se frottant les yeux.
Elle répondit par un «hum» inaudible et ils descendirent dans l'arrière salle, destinée aux clients de l'auberge. Ils s'assirent à une table quand Elyonah se serra les tempes :
-Rappelle-moi de ne plus jamais dépasser un seul verre en une soirée.
-La même. J'ai l'impression que mon esprit est toujours en train de dormir, là-haut.
Ils grimacèrent de dégoût en voyant une serveuse apportait des chopes de rhum à une table non loin d'eux et commandèrent. Ils restèrent immobiles jusqu'à ce que la serveuse les serve, ce qui les réveilla soudainement.
-Comment ça va, au fait ? demanda le yordle.
-Hormis le fait que ma tête va littéralement exploser si ces clients braillards n'arrêtent pas de crier ? Ça va.
-Non, ça je le sais. Je parlais de toi et Caërwyn.
Elyonah faillit s'étouffer avec son verre et rougit.
-Hein ? Euh... ça va, ça va...
Xathote la toisa du regard, mais elle ne voulut rien dire de plus. Paladïn fut le premier à les rejoindre. Il semblait en meilleur forme, même si les conséquences de l'alcool se lisaient encore sur son visage.
-Bonsoir, lança-t-il après un bâillement contagieux.
-Ah ben bravo ! s'exclama le yordle en tenant en l'air sa coupe vers son top laner. Chapeau le soldat de Demacia !
-De un, je ne suis pas un simple soldat, répondit Paladïn. De deux, je ne suis même pas en service, et de trois, on a bien le droit d'avoir des jours de repos, nous aussi.
Caërwyn descendit une dizaine de minute plus tard. Il s'assit entre le yordle et le demacien qui mordait dans une tranche de pain ailée, spécialité locale. La table contenait de même quelques brochettes de petits poissons accompagnés de sauce au rhum. Elyonah râla en prétendant préférer le sucré au salé pour la matinée, même si ses compagnons mangeaient avec appétit.
-Alors, vous vous êtes réconciliés ?
Elyonah et Caërwyn regardèrent tour à tour Paladïn.
-Quoi ? J'ai dit quelque chose de mal ?
-On peut dire ça, rougit de plus belle Elyonah en baissant la tête, faisant mine de se la pincer.
-Non mais, juste que vous ne vous êtes pas dit un mot ou quasiment pas depuis le Néant, alors...
-Elle a dit qu'on pouvait dire ça, Paladïn. Pas la peine d'insister !
Caërwyn se levait quand il tomba nez-à-nez avec Madwain.
-Bonsoar ! s'écria-t-il gaiement.
-Y'en a au moins un qui s'en sort bien dans cette histoire, marmonna Xathote.
-Madwain, c'est du sang sur ta joue ?
-Ah, ça ? demanda le jungler en s'essuyant. Ouais sans doute, disons que quelques dents ont sauté hier soir. C'était fun, vous avez vraiment loupé quelque chose.
Il s'assit, imité par l'ADC.
-A quand le match ?
-Quand j'aurai retrouvé mes esprits, déclara la support. J'ai l'impression que cet endroit va me rendre folle.
-A en juger par ta tenue, ça n'est guère étonnant que tu penses ça.
Elyonah jeta un oeil sur ses vêtements et après un juron étouffé, monta les marches quatre à quatre.
-T'aurai du te taire, s'écria Caërwyn. Je la trouvais vraiment sexy dans cette tenue !
-C'est pas trop son style, commenta Paladïn. On aurait pu la confondre avec une... (il s'arrêta en scrutant une serveuse de plus près)... non, laissez tomber.
-Je rejoints tout de même son avis, dit Xathote en désignant le haut de l'escalier dans lequel Elyonah avait disparu. Pas avant une heure ou deux, voire trois...
-Je serai opérationnel dans une trentaine de minute pour aller chercher l'arène, les informa le top laner.
-Je t'accompagne, proposa Madwain.

Bilgewater n'avait rien à voir avec la ville qu'ils avaient connu hier soir. Les bars étaient pour la plupart fermés, laissant place aux nombreuses boutiques et autres commerces de la Fleet Street. Les marchandises les plus rares et les plus convoitées passées de mains en mains contre quelques krakens d'or, quelques variétés locales ou encore quelques services. Les offres étaient aussi variées que la rue était longue, proposant produits de la mer, armes, bouteilles de rhum ou encore accessoires de la piraterie, en passant par d'étranges animaleries.
-Est-ce que c'est un poro ? s'étonna Paladïn en pointant, derrière une vitrine, une boule de poil familière avec un cache-oeil.
Madwain explosa de rire en voyant la tête de la bestiole :
-J'en ai bien l'impression, regarde.
Il désigna une pancarte au-dessus de l'emplacement indiquant :«Poro pirate». Le prix était assez exorbitant, dépassant un mois de salaire dans l'armée demacienne.
-C'est plutôt étrange qu'une ville aussi commerciale présente des prix aussi hauts, s'indigna Paladïn.
-Moi et les chiffres, tu sais... Mais pourquoi, tu voulais te l'acheter ?
-Non, je ne vois pas ce que j'aurai pu en faire, mais quand même...
Remplaçant pirates et autres brigands s'abandonnant aux plaisirs nocturnes, la foule était plus composée d'homme et de femmes commerçants, vagabondant entre les étalages et les bâtiments pour y faire leur achat ou rejoindre leur travail.
-Frais, il est frais mon poisson !
Le crieur, marchant de produits de sa pêche, se prit un marteau en pleine figure.
-Ta gueule !
Le vendeur d'arme lança une autre injure alors qu'il se recevait un poisson en pleine tête. Paladïn et Madwain s'éloignèrent du monde pour s'engouffrer dans les ruelles secondaires. Quelques mendiants étaient assis contre les murs, secouant leurs chopes aux passants. Ils croisèrent notamment quelques robustes gaillards qui leur jetèrent des regards étonnés ou plutôt mauvais.
-Mais ça ne serait pas les Chevaliers dont tout le monde parle, en ce moment ?
Madwain et Paladïn se retournèrent. Deux pirates leur souriaient.
-Enchanté ! Nous sommes de grands fans de vos performances !
Le pirate tendit la main. Madwain sourit et lui serra la main, non sans lui tordre quelques phalanges.
-Quelle poigne !
-Tout le plaisir est pour moi.
Un passant bouscula Paladïn de l'épaule.
-Hey !
-Fais attention, le minus.
-Vous devriez leur montrer du respect, répondit leur supporteur. Vous avez devant vous les prochains participants au tournoi de la League !
-Pff, cracha ce dernier. Y'a que les pirates de Bilgewater qui mérite d'accéder à la troisième épreuve. On encourage sa patrie ou on encourage personne !
-Il n'y a que les simples d'esprit qui pensent comme cela, ne l'écoutez pas.
-Simple d'esprit ? Et mon poing il est simple d'esprit ?!
Le pirate accompagna ses paroles en retroussant sa manche et en préparant son bras. Le supporter leva les bras en signe de soumission, mais Madwain interrompit son mouvement avant même qu'il ne frappe :
-Hey ! Tu peux pas te trouver un adversaire à ta taille ?!
-T'es jaloux ?
-Je ne dirais pas ça comme ça. Je suis plutôt déçu que tu ne t'en sois pas pris à moi.
-Tu peux régler ça, minus ?
Cette insulte était plutôt mal placée sachant que le pirate devait faire une tête de moins que le jungler, ce qui ne l'empêcha pas de se prendre pour le plus fort des deux. Madwain lui répondit avec son sourire habituel et ils s'engouffrèrent dans un bar. Ils s'assirent à une table alors que tous les curieux regardaient la scène avec un brin d'amusement.
-Tu peux vraiment pas t'en empêcher... soupira Paladïn en s'asseyant à côté de son ami.
-Quoi ?! se défendit le Siffleur Rouge. C'est lui qui a commencé !
Le top laner levait les yeux au ciel alors que le pirate présentait son bras droit, coude posé sur la table.
-Amènes-toi !
Madwain prit le temps de s'étirer, s'installa du mieux sur sa chaise et lui donna sa main droite. Le tavernier, un grand homme au tablier crasseux, posa ses mains sur la table.
-Pas de tricherie dans mon établissement ! Le premier qui pousse l'autre à toucher la table l'emporte.
-Les gants c'est de la triche ! cria un spectateur, dissimulé parmi les clients.
-Essaye donc de me les enlever ! Tu rigoleras moins...
-Un ! compta le tavernier.
Le pirate plongea son regard dans celui du jungler, un sourire perfide aux lèvres.
-Même avec tes gants je vais te mettre la raclée de ta vie !
-Deux !
-Ouais, ouais, sourit Madwain.
-Trois !
Le pirate contracta ses muscles, à un tel point que son corps entier se tendit. Ses veines du visage menaçaient d'exploser sous la pression et sur son front perlait déjà quelques gouttes de sueur.
-Ça va ? ironisa Madwain en voyant son adversaire dans cet état.
Il semblait le plus calme du monde, ne semblant fournir aucun effort à ce bras de fer. Il aurait pu se battre de la main gauche sans que cela ne le gêne. Paladïn sourit et souffla :
-Si tu pouvais éviter que cela ne s'éternise, on a une arène à trouver.
-Meh.
Madwain abattit sa main. Le pirate se retrouva tordu, fou de rage.
-C'est pas du jeu ! hurla-t-il en tournant son poignet pour l'étirer. Il a des gants super lourds !
-Bah essayez à plusieurs pour voir...
-Vous avez entendu, les gars ?! Aidez-moi donc !
Ils s'y mirent d'abord à deux, puis à trois, quatre. Bientôt, autant de pirate que possible ajoutaient leurs mains pour faire basculer celle du jungler. Au bout du septième adversaire, le bras de Madwain commença à pencher lentement vers la table. Paladïn se posa sur son sa main et sortit d'un air désespéré :
-C'est pas super sympa de les faire poireauter comme ça... tu leur donnes de faux espoirs, là.
-Bon ok, j'abrège...
Il bascula son bras. Sept dos de mains touchèrent la table, manquant de la briser avec un bruit de craquement sourd. Des protestations commencèrent à s'élever dans le public, certains râlant pour tricherie infondée, et d'autres s'échangeant des poignées de pièces en marmonnant des injures.
-Vous me saoulez avec mes gants ! s'écria le jungler. Je vous ai dit qu'on ne peut pas les enlever ! Mais par contre, je peux vous proposez un autre duel, si vous le souhaitez (des protestations fusèrent). Non pas contre moi ! Mais contre mon ami ici présent.
-Tu vas pas me faire ça ?! le fusilla Paladïn.
-Bah quand même... T'as une réputation à tenir aussi. Montre que t'es un dur !
Les pirates se retournèrent vers le top laner en un homme. Ce dernier continuait de fixer son camarade. Après quelques secondes de silence, il prit la place de son jungler et posa son bras sur la table.
-Je te hais.
Le borné saisit son adversaire et attendit le départ. Quand le tavernier cria :«Trois !», Paladïn ne prit même pas la peine de faire durer le suspense. Il abattit sa main. Une fois de plus, des pièces changèrent de bourses.

Partagez sur : Facebook Twitter