Red Dawn Knights
L'Aventure des Chevaliers de l'Aurore Rouge

La douceur du printemps naissant se faisait sentir sur le pont du bateau qui voguait droit vers l'ouest d'Ionia, péninsules d'îles sauvages et de mystères dont seuls les ioniens avaient le secret. Comme à leur habitude, les chevaliers de l'Aurore Rouge n'avaient pas grand-chose à faire, et il en allait de même pour les champions de la League. Chacun était occupé à ses pensées, sauf Paladïn et Wukong, qui discutaient à voix haute. Leur débat finit par attirer l'attention de quasiment tout l'équipage qui tendit l'oreille :
-... ma place est au sommet !
-L'arrogance est la pire des manies ! s'exclama Paladïn.
-Ce n'est pas de l'arrogance, mais la vérité. Viens goûter à ma force, si tu ne me crois pas.
-Avec plaisir ! accepta le top laner.
-Je vois que vous souhaitez prendre une leçon, tous les deux.
-Maître.
Wukong joignit ses mains et s'inclina respectueusement devant Maître Yi qui venait d'arriver sur le pont, après sa méditation.
-Je souhaite juste montrer à cet individu qu'il a tort. Je suis le meilleur et personne ne peut me surpasser.
-Oublies-tu ce que je t'enseigne, cher disciple ? Un vrai maître...
-... est un éternel étudiant.
-Ça me rappelle quelque chose, tiens, souligna Paladïn.
-Alors cesse donc tes singeries, et montre-moi ce que tu as appris.
Wukong acquiesça d'un signe de tête et se mit en garde, bâton tendu derrière lui, main à l'avant. Paladïn joua de ses lames quelques secondes avant de se mettre aussi en position. Le singe resta immobile, puis, discrètement, disparut derrière son clone. Il avança rapidement vers Paladïn en le contournant et lui asséna un coup dans le dos. Le demacien, qui avait vu le coup venir, esquiva de justesse avec un pas sur le côté et assembla ses lames pour repousser le bâton du Roi des Singes d'un grand coup de bouclier.
-Vous brandissez vos armes comme des plumeaux ! lança soudainement Irelia en s'asseyant sur la barrière. Détendez-vous !
Paladïn marmonna pour lui et se remit en garde. Il prit les devants en se jetant sur Wukong qui s'écarta avec une moquerie sur les lèvres.
-Pare donc ça !
Le combat se déroulait au centre du bateau, entre les mâts et les tonneaux, rendant le spectacle plus intéressant. Lors d'une attaque, Wukong hésita, une fraction de seconde, le temps pour Paladïn de se retourner avec force. Il valsa à quelques mètres, se releva d'un bond et entreprit de remettre sa mâchoire dans ses axes.
-Le doute est le plus grand des ennemis.
-Et synonyme d'échec, compléta Karma.
Elyonah se tenait près de Maître Yi. Elle croisa les bras et demanda à son voisin :
-C'est du Wuju ?
-Oui, et non. L'art du Wuju a des principes fondés sur l'obtention de la connaissance spirituelle absolue du soi et son adversaire. Wukong s'est approprié mon enseignement mais s'en sert surtout pour créer son propre style. Il connaît ses capacités, les surestime et surtout oublie celle de son adversaire. C'est ce qu'il lui a valu son coup, tout à l'heure.
Elyonah acquiesça mais ne dit rien.
-Et toi, sur quoi te bases-tu ? s'enquit-il.
La support écarquilla les yeux.
-A vrai dire, j'ai été éduqué par les Ra-Horaks. Tous mes enseignements me viennent de ces guerriers Solari, pour ce qui est du reste, c'est trop long à expliquer.
Wukong abattit son bâton sur Paladïn qui encaissa avec puissance. Le singe profita de sa position pour balancer son arme vers le côté, le laissant l'entraîner dans un énorme tourbillon. Paladïn se retrouva propulsé en l'air. Il atterrit contre un mât, profita de son élan d'arrivée pour se propulser en sens inverse. Il fondit sur Wukong et l'immobilisa sur le plancher.
-On dirait que j'ai gagné, sourit-il.
Le singe resta silencieux, comme s'il hésitait entre la honte et la reconnaissance de sa défaite. Finalement, il lâcha son arme et leva ses mains en signe d'abandon. Il se releva en se dépoussiérant et marmonna :
-On apprend de ses erreurs.
Soraka s'empressa de rejoindre les deux combattants, bien qu'ils n'aient rien demandé. Elle leva légèrement son sceptre et les soigna. Les rougeurs et bleus disparurent aussitôt.
-Très pratique comme magie, remarqua Paladïn. Dommage qu'Elyonah n'ait pas ce genre de sort.
-Estime toi déjà heureux que j'encaisse la plupart des dégâts en combat d'équipe, ricana Elyonah.
-Je rigole. Et puis, c'est pas ton genre de combat, de toute façon.
Madwain -qui réussissait à surpasser son mal de mer- et Xathote étaient à bâbord, d'où ils avaient suivi tout l'entraînement. Ils discutaient de ce dernier quand une personne vint à leur rencontre :
-Beau combat, pas vrai ?
-Euh... oui oui... Et vous êtes ?
-Ah, pardon. Où vont donc mes manières ? Je suis Autees, scribe d'Ionia. Je conte et vante les mérites de nos champions à travers tout Runeterra.
-C'est une bonne situation, ça, scribe ?
-Vous savez, moi, ne je crois pas qu'il y ait de bonne ou de mauvaise situation. Moi, si je devais résumer ma vie aujourd'hui avec vous, je dirais que c'est d'abord des rencontres. Des gens qui m'ont tendu la main, peut-être à un moment où je ne pouvais pas, où j'étais seul chez moi...
Madwain jeta un regard noir à Xathote.
-Et c'est assez curieux de se dire que les hasards, les rencontres forgent une destinée... Parce que quand on a le goût de la chose, quand on a le goût de la chose bien faite, le beau geste, parfois on ne trouve pas l'interlocuteur en face je dirais, le miroir qui vous aide à avancer. (Le yordle se mit à bailler bruyamment, mais cela ne suffit à arrêter l'homme : ) Alors ça n'est pas mon cas, comme je disais là, puisque moi au contraire, j'ai pu : et je dis merci à la vie, je lui dis merci, je chante la vie, je danse la vie... je ne suis qu'amour !
» Et finalement, quand beaucoup de gens aujourd'hui me disent : mais comment fais-tu pour avoir cette humanité ? Et bien je leur réponds très simplement, je leur dis que c'est ce goût de l'amour ce goût donc qui m'a poussé aujourd'hui à entreprendre l'écriture des épopées de nos champions locaux, mais demain qui sait ? Peut-être simplement à me mettre au service de la communauté, à faire le don, le don de soi...
Madwain se releva soudainement, remarquant qu'il avait fini son speech. Il lança un sourire gêné à leur interlocuteur puis traîna Xathote plus loin :
-La prochaine fois que tu as la merveilleuse idée de poser une question pareille, préviens moi, que je me casse !
-Mais comment je pouvais le savoir, moi, qu'il allait tout nous sortir comme ça ?
-Tous les ioniens sont comme ça, dit Paladïn en s'incrustant dans la conversation. Vous savez, les mythes d'Ionia creusent de nombreux mystères, recherchant dans les profondeurs les plus extrêmes de la spiritualité. Pendant que de nombreux êtres se consacrent à la poursuite de la paix et de la lumière...
-Paladïn ? La ferme ! le coupa Xathote.
-... Je ne sais comment le prendre.
-Prends le plutôt bien ! s'exprima le jungler en lui tapotant l'épaule. Nous, on ose te le dire parce qu'on t'aime bien.
-Je... mouais.... céda-t-il. Mais quand même...
Madwain sourit affectueusement, finissant par lui redonner confiance. Le bateau longeait la côte ouest ionienne depuis plusieurs jours, et il fallut encore une bonne heure pour que le marin perché dans le nid de corbeau s'exclame :
-Capitale en vue !