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Partie 3 - Allers et retours

Chapitre 14 - Come little children

le 16 septembre 2015

La nuit était déjà bien entamée. Les arrivants étaient déjà quasiment tous endormis, éparpillés aux quatre coins du premier étage, sous le toit, seul endroit assez spacieux pour qu'ils puissent dormir sans se rouler dessus.
Elyonah, elle, avait les yeux ouverts. Allongée sur sa couverture, elle écoutait le silence qui régnait dans la pièce. Trop de souvenir remontaient en elle pour qu'elle ait la conscience tranquille.
Elle se leva sans faire de bruit.
Du casque de Madwain émanait une couleur bleue apaisante, qui s'intensifiait lentement au rythme d'une musique certainement douce et calme, à moins que le jungler ne s'endorme avec des musiques puissantes et soutenues. Xathote était couvert de sa cape, la bouche à moitié ouverte, le bras droit tendu, les jambes étirées... il prenait presque autant de place que n'importe quel chevalier endormi. Paladïn, à sa droite, dormait sur le dos, aux aguets. Le bout de ses doigts effleurait les gardes de ses lames, comme s'il était prêt à s'en emparer. Enfin, Caërwyn dormait enveloppés dans ses brumes. Depuis quelques jours, elles étaient beaucoup plus présentes autour de lui. Voulait-il se cacher de quelque chose ?
Elyonah zigzagua silencieusement entre ses camarades et ouvrit la porte vitrée qui menait au balcon. La nuit était noire, le ciel était invisible, dissimulé par un tapis de nuages. Seules quelques lanternes de la rue démontraient que le village était encore occupé. Elyonah songea à tous ces gens qui, baignés dans la parole des Solaris, n'osaient sortir la nuit, effrayé par l'obscurité et ses démons. Elle avait été ici la seule à savoir ce qu'était la vraie beauté de la nuit, comme Diana avant elle. Mais, depuis la trahison de la championne, aucun habitant n'avait dû oser remettre en doute les paroles des prêtres pour mettre le nez dehors à une heure pareille. Pourtant la nuit était tellement belle qu'Elyonah ne pouvait s'en lasser. Son souffle s'envolait en fumée.
La température était remontée, car l'eau des nuages ne put geler en descendant du ciel. Il commença à pleuvoir.

Elyonah reçut la pluie sur son visage. Mais aucune goutte des caprices de la météo ne passa à travers son armure. L'orage menaçait au loin. Des éclairs lumineux traversaient les nuages pour se planter dans la montagne. La neige qui persistait au sol commençait déjà à fondre, s'évacuant le long du village de chalet par des fossés de neige, de terre et de boue.


Come little children, I'll take thee away,
Into our land of enchantment.
Come little children, the time's come to play,
Here in my garden of shadows...

 

Des mains se glissèrent délicatement sur ses côtes, l'entourèrent.
-Tu vas avoir froid, mumura Caërwyn.
-Ce n'est pas grave, dit-elle, la pluie dissimulant ses larmes.
Elle regardait en direction du temple, seul et solitaire sur le versant de cette montagne. Hantée par ses souvenirs, elle tenta de se concentrer sur le peu de chaleur que lui offrait Caërwyn. Mais pour une fois, le froid des souvenirs semblait plus puissant que son amour pour elle.
-D'où vient cette chanson ? demanda-t-il doucement, son murmure bravant la pluie.
-Ma soeur la chantait à ses orphelins pour les consoler lors de nuits comme celle-là, noires et sombres. Elle disait qu'un ange se baladait dans la montagne une fois la nuit tombée, pour rassurer et gonfler de courage les esprits craintifs et faibles. Au Mont Targon, les indignes sont condamnés à mourir.
Ils restèrent pendant un moment sous la pluie, bravant le ciel menaçant et la pluie battante. La porte intérieure du grenier se referma doucement, dissimulant aux yeux du monde le regard qui s'était infiltré dans la pièce.

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