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Partie 3 - Allers et retours

Chapitre 8 - Passé

le 16 septembre 2015

Paladïn s'était adossé aux vitres du laboratoire. L'air pensif, il ne remarqua même pas Elyonah qui venait de franchir la porte blindée.
Elle sortit de la salle et s'appuya contre le mur.
-Laisse-moi deviner. Toi et Caërwyn, vous vous êtes engueulés.
Il sourit et se redressa.
-Non non, on s'est juste un peu effrité.
-A propos de quoi ?
Il resta silencieux.
-Bon ok, je m'en fiche après tout.
-Ça va passer. Tu sais, ce n'est pas la première fois qu'on s'engueule. Même nos débuts ont été quelque peu… difficiles…
Elle planta son regard dans le sien. Paladïn soupira.
-Laisse-moi te raconter une histoire, après le départ de Tsumenokage, sur le bateau menant aux Îles Obscures…

La frégate coupait les vagues, dévorant les flots à une vitesse ahurissante. Madwain était déjà calfeutré dans la cave, Xathote, lui, se tenait en haut du mât, bravant le vent et la brume.
Caërwyn regardait l'horizon tangible, adossé à la rambarde de tribord. Paladïn vint se placer à ses côtés.
-Bon, tu te mets là, mais tu ne t'approches pas de moi et tu ne me parles pas.
Paladïn resta silencieux. Il était vrai qu'ils ne se connaissaient pas vraiment, mais il se sentit légèrement repoussé par cette « entrée » en matière.
Au bout de quelques minutes, Caërwyn s'élança :
-C'est euh… Paladïn ton nom ?
-Ouais, en effet.
-Excuse-moi, j'ai été stupide.
-Non, je comprends, dit Paladïn. On ne sait jamais sur qui tomber, je suis le dernier amarré au navire…
Caërwyn sourit.
-Dans les deux sens du terme. Non, tu sais, tu t'es bien débrouillé lors de l'entraînement. Et puis, je crois que les autres t'ont déjà adopté.
-Oui, même si ça me fait bizarre tout de même…
Il resta silencieux quelques secondes, laissant le temps au vent pour leur fouetter le visage.
-Comment ça ? demanda Caërwyn.
-Comme tu le sais déjà, je suis un tacticien parce que mes parents, bien que haut placés dans la hiérarchie démacienne, n'ont jamais voulu faire de moi un guerrier officiel…
-Pourtant, on raconte que les têtes de cette ville t'ont déjà en vue…
-Ouais, continua-t-il. Je suis devenu ainsi parce qu'hormi ma soif de connaissance dans ce domaine, je voulais me faire une place dans cette communauté qui me traitait avec distance depuis ma naissance, et je n'ai jamais su pourquoi…
Cette révélation fit tomber Caërwyn dans le passé, une enfance similaire à la sienne. Il en fit part à Paladïn :
-Je n'ai jamais connu mes parents. Et pour tout te dire, ma… « mère adoptive » n'a jamais été trop présente. Elle me laissait la plupart du temps livré à moi-même dans un lieu hostile aux hommes, où j'étais sans cesse pourchassé à cause de ma faiblesse et ma peur.
-Je comprends.
Caërwyn lança trois de ses dagues aiguisées sur le mât du bateau. Les deux personnes continuèrent à se parler ainsi, nouant des liens de plus en plus fort, jusqu'à devenir inséparables…

-Au retour à Demacia, nous nous sommes mis en quête d'un support pour passer la seconde épreuve. Nous sommes donc restés dans la ville quelques temps, pour ne pas dire un mois ou deux. Plus les semaines passées, plus nous nous découragions à trouver un support, même s'ils se présentaient en masse à nos annonces. Nous perdions peu à peu la motivation parce que nous ne trouvions personne qui nous scillait, alors au bout d'un moment… J'ai commencé par aller voir ailleurs. A cette époque, je n'étais pas avec Fiora mais, comment te dire que nous commencions à nous tourner autour. J'étais de plus en plus absent aux entraînements et aux matchs de sélection du support et, même si Madwain et Xathote étaient ravis pour moi, ce n'était pas le cas de Caërwyn.
-Tu veux dire qu'il ne l'acceptait pas ?
-Oui, et non. Il était heureux pour moi mais…
-Mais tu lui manquais, finit Elyonah.
-Exactement. J'aimais Fiora et j'adorais passer du temps avec elle, au détriment des entraînements avec mes amis… Il m'en a voulu pendant longtemps. Il disait que je préférais passer du temps seul qu'avec eux, qu'ils ne valaient plus rien pour moi alors que j'avais juste besoin de m'éloigner un peu. Enfin bref, ensuite nous sommes partis pour notre tour de Valoran et nous n'en avons plus parlé.
-Pourquoi me raconter tout ça maintenant ? s'étonna Elyonah.
-Je ne tiens pas à lui jeter des fleurs ou à te pousser à compatir. Caërwyn a du coeur, des sentiments. Il ne faut pas le juger à ce qu'il fait paraître.
-Je suis censée comprendre tout ça, mais étrangement… je n'en vois que les contours.
-Ne t'inquiète pas. Au début, Madwain, Xathote et moi pensions que tout cela s'était passé trop vite entre vous. Mais avec le temps, figure toi que nous pensons que finalement, vous vous êtes bien trouvé, rigola-t-il. Pour en revenir à mes paroles, même si je les ai laissé de côté pendant quelques temps, eux ne m'ont jamais abandonné. Ils ont toujours été là pour moi, tu ne peux peut-être pas le comprendre pour l'instant, mais peut-être qu'un jour fatidique, tu te rappelleras de ce que je viens de te dire.
Elyonah haussa des épaules et se tourna, juste à temps pour voir le reste de la troupe débarquer dans la première salle.

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