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Partie 3 - Allers et retours

Chapitre 5 - Retrouvailles

le 16 septembre 2015

Les frontières du domaine de l'Institut se dessinèrent sur leur champ de vision après cinq jours de traversée. Ravi de ne plus s'enfoncer dans la boue ou dans de l'eau glacée, le groupe reprit une allure normale, et arrivèrent devant l'Institut en un rien de temps.
La ville n'était pas si exceptionnelle : érigée en cercle, des centaines et des centaines de maisons s'entassaient en périphérie autour du centre. Aucune fortification, aucune structure de défense n'était visible. Et pour cause, de leur temps, même le plus sage d'entre tous n'oserait s'attaquer à la League. Reliée à toutes les cités-état de Valoran, cela reviendrait à déclarer une guerre totale...
Seul contre le monde.
De toute façon, qui voudrait s'en prendre à l'Institut ?
Aucun des chevaliers n'avait déjà vu l'Institut de la Guerre, si bien que dès qu'ils arrivèrent au bord d'une crevasse géante, ils restèrent bouches bées pendant quelques minutes de contemplation.
Un énorme escalier plongeait dans l'obscurité. Celui-ci devait au moins faire une vingtaine de mètre de large, et était coupé en deux partie par une rambarde sur laquelle coulait une sorte de fluide fluorescent, illuminant les marches. Ce liquide sortait directement d'un cristal taillé à la perfection, flottant à quelques centimètres de la rambarde de pierre en haut de l'escalier.
Ils empruntèrent les marches et quand leur yeux se posèrent sur la bâtisse principale de cette ville, ils s'arrêtèrent une nouvelle fois.
L'Institut de la guerre était construit dans une crevasse ornées de toute part par des cristaux géants ressemblants trait pour trait à de l'améthyste. Étrangement choqués par tant de beauté et de magie, ils demandèrent une explication de ce phénomène à Paladïn qui s'empressa de leur raconter tout ce qu'il savait :
-Cela remonte à bien longtemps, quand Runeterra était troublée d'innombrables guerres aux énergies incontrôlables. Il existait ici, autrefois, une caverne dont les cristaux n'étaient pas plus grand que mon poing. Or ces cristaux ont la particularité assez spéciale d'emmagasiner l'énergie environnante... Celle-ci étant abondante pendant les temps de guerre, il ne fallut pas longtemps pour que ces cristaux grossissent et provoque un effondrement aussi impressionnant que celui-ci, engloutissant au passage le village qui se trouvait à la surface...»
Les valorans ont par la suite pris conscience qu'ils détruisaient leur terre, et l'Institut s'est fondée, ici même, dans un premier temps pour contrôler l'énergie de ces cristaux et dans un second temps pour stopper partiellement les conflits frontaux qui se déroulaient ici et aux alentours, entre Demacia et Noxus.
A l'intérieur de la crevasse, la température devint immédiatement plus chaleureuse. Les chevaliers se permirent, pour la première fois depuis leur départ de Demacia, d'enlever leurs manteaux.
Le bâtiment principal dominait la ville souterraine, en aplomb. Il était composé d'un seul bloc, une entrée accessible par un escalier similaire à celui qu'ils empruntaient. D'innombrables colonnes soutenaient la toiture. L'ensemble de l'Institut était coloré de couleurs sombres et froides, mais c'était sans compter sur les traits bleus fluorescents et les cristaux qui ornaient le tout, offrant une touche de parfait. Le bâtiment était posé entre les cristaux, si bien qu'on pouvait presque croire qu'il avait été directement taillé dans la roche.
La ville souterraine, elle, n'avait rien à envier à l'extérieur. Si l'Institut était parfait, sa ville pouvait se vanter de l'être tout autant. Suivant un plan droit et parfaitement calculé, les maisons étaient pour la plupart grandes, parfaitement entretenues. Les rues étaient spacieuses, claires, illuminées. Il régnait dans cet endroit une atmosphère magique, étrangement fascinante.
Derrière l'Institut, en hauteur, avait été construit un second bâtiment, plus massif. Mais sa forme était totalement différente ; orné d'un énorme cristal servant de toit et tournant paresseusement sur lui même, le Centre était le carrefour de tous les parchemins envoyés à Valoran:
-Le CCV, expliqua Madwain, où Centre de Communication de Valoran (mais on l'appelle tous le Centre), est peut-être l'une des seules “technologies” qui ne vient pas de Piltover.
-Comment ça ? demanda Elyonah.
-Parce que tout ce système n'est basé uniquement que sur la magie des cristaux, raconta Xathote. Tu ne l'as jamais utilisé ?
-J'ai déjà vu des piédestals, mais je n'ai jamais compris à quoi cela servait.
-C'est simple, je vais te montrer, affirma Paladïn en s'approchant d'un de ces piédestals, à l'entrée de la ville souterraine.
-Pour faire simple, reprit Madwain, le cristal agit juste comme un convertisseur. Tu lui donnes un parchemin avec ton message, il le traduit en énergie magique, il l'envoie et le dirige vers ton destinataire.
-Ou plutôt, le corrigea Paladïn, il attend que ton destinataire le demande. Démonstration.
Le top laner posa sa main sur une marque prévue à cet effet. Le socle se mit à scintiller, et un faisceau entra dans le cristal qui flottait au-dessus de son support. Un parchemin apparut dans les secondes qui suivit, Paladïn s'en empara, le lut en diagonal et le rangea dans ses affaires.
-Pour ce qui est de l'envoi, c'est la même chose.
Il sortit un second parchemin dont le sceau n'avait pas été brisé, et le déposa entre le cristal et le support. Il attendit quelques secondes et celui-ci disparut en une lumière qui, dirigée par le cristal, s'envola vers le Centre.
-Mais, s'indigna Elyonah, comment font-ils pour savoir à qui est destiné le parchemin ?!
-Tu écris son nom en haut et le tour est joué.
-Avoue, c'était pour Fiora le message, chuchota Caërwyn à Paladïn.
Ce dernier rougit brièvement mais ne dit rien. L'heure tardive ne décourageait pas les habitants qui, même avec une visibilité restreinte, continuaient leurs promenades. Les cristaux gagnèrent en intensité lumineuse.
Xathote marchait à l'avant, pressant l'allure du groupe.
-Pourquoi est-il si pressé ? demandait Elyonah qui suivait le yordle.
Ils arrivèrent rapidement devant l'Institut, où ils attendirent, cinq minutes, dix minutes, sans qu'aucun de l'un d'eux ne bouge. Plusieurs individus, invocateurs et employés à l'Institut, passèrent devant eux en les saluant.
Elyonah s'apprêtait à réveiller son groupe quand Madwain la devança :
-Peut-être est-il déjà partit...
-Mais ! On s'est donné rendez-vous ici ! protesta vivement Xathote.
-On reviendra demain, répondit calmement le jungler.
-Non ! Ça fait trop longtemps qu'on ne l'a pas vu.
Elyonah se demandait de qui ils pouvaient bien parler quand une silhouette apparut en haut des marches. Un petit être sur deux pattes en sortit. Un yordle armés de parchemins, de livres, et autres bidules en fer.
-Tsume ! s'exclama Xathote. On ne pensait jamais te voir sortir !
Tsumenokage était un yordle au pelage beaucoup plus clair que celui de Xathote. Une deuxième couleur bleutée traversait son front de haut en bas. Il portait une blouse similaire à celles des employés qui étaient sorti avant lui. Un crayon tenait derrière son oreille, et un petit calepin reposait dans sa poche avant.
Le yordle perdit l'équilibre en fermant la porte. Avant que ces livres ne touchent le sol, trois robots volants apparurent derrière lui et attrapèrent les objets en se plaçant au-dessous. Les drones étaient sphériques, mais avaient tous quelques détails qui les différenciaient les uns des autres. Le premier avait des rayures vertes, le second , des bleus et le troisième, des rouges.
-Je suis désolé, s'exclama Tsumenokage en souriant. Je suis débordé de travail en ce moment... Ravi de vous revoir !
Les amis se saluèrent, laissant Elyonah seule dans son coin. Quand il la remarqua, Tsumenokage s'approcha d'elle.
-Il me semble que nous n'avons pas été présentés, s'inclina-t-il. Je suis Tsumenokage, le Porte-drone. Inventeur en robotique de Piltover et employé à l'Institut.
-Ça se voit, sourit Elyonah en le saluant à son tour. Je suis Elyonah, la Guerrière de l'Éclipse.
-L'assassine dont parle les rumeurs ? Mais alors...
-Ne juge pas les choses au premier regard, Tsume, dit Madwain. Elle a beau être une ancienne assassine, quand elle est sur le terrain, c'est une excellente support.
-Alors vous avez enfin trouvé quelqu'un pour me remplacer ?
-Oui, même si ça été long, répondit Xathote.
-Tu m'en diras tant, siffla Tsumenokage avec un air d'ironie.
Elyonah ne disait rien. Elle se contentait de les écouter d'une oreille distraite. Ils partirent en discutant de leur voyage, s'échangeant des anecdotes, rappelant des souvenirs passés. Elyonah restait en retrait, vu qu'elle n'était pas concernée par ces mémoires. Au bout de quelques minutes de marches, ils firent une rencontre assez inattendue.
Ahri, la Renarde à Neuf Queue, passa près du groupe. Elle portait sa tenue d'hiver, aussi élégante et ouverte que sa tenue habituelle. Ses neuf queues blanches flottaient gracieusement derrière elle.
Elle salua Tsumenokage et les autres d'un signe de tête avant qu'elle ne remarque le yordle au pelage étoilé. Elle s'avança vivement vers lui et le souleva dans les airs:
-Par tous les mystères de Valoran, je n'ai jamais vu un yordle aussi mignon depuis Gnar !
Comme une véritable collégienne, elle le sera dans ses bras en levant une jambe derrière elle, affichant un large sourire.
-Au secours, tenta le yordle prisonnier.
-C'est de la fourrure ?! Non attends, une fourrure avec des étoiles ?! Et quels beaux yeux !
-Navré, dit Madwain en attrapant Xathote par la cape et en le soulevant dans les airs. Il a beau être une boule de poils, c'est pas une peluche.
-Comment tu m'as appelé ? le foudroya Xathote, toujours impuissant.
-Oh, soupira la championne. L'heure de jouer est terminée je suppose... Tant pis. J'espère que nous nous reverrons, neh ? Petite boule de poils !
-Xathote ! hurla le yordle, rouge comme une écrevisse. Mon nom est Xathote !
Ahri s'éloigna du groupe. Madwain hasarda son regard sur elle et la surpris alors qu'elle lui envoyait un baiser dans le vent.
Il secoua la tête et Tsumenokage éclata de rire.
-Il y a beaucoup de champions à l'Institut ? demanda Elyonah, curieuse et amusée par les évènements.
-Ça dépend si l'on compte tous les champions ou non. Mais pour répondre à ta question, il y a en tout une quinzaine, plus quelques champions de passages comme Malphite qui vient méditer dans les grottes aux alentours de la ville, ou encore Vayne qui est souvent dans le coin.
-Des résidents ?
-Oui... et non. Certains des champions présents ici ont besoin... d'un certain environnement bien précis. Ce n'est pas un secret si je vous dit que six des champions de la League sont enfermés dans l'Institut...
-J'en ai plus qu'entendu parler, dit Caërwyn sur un ton brutal. Kog'Maw était mon ami et ils l'ont emmené...
Ils arrivèrent devant une maison assez grande pour tous les accueillir, même si Madwain dû se plier en deux pour rentrer.
-Faites comme chez vous ! s'exclama le yordle en s'engouffrant à l'étage. Je vais ranger tout ce bazar !
Les trois robots entrèrent en dernier, voletant dans l'air. Xathote s'exclama :
-Pas mal, tes nouveaux prototypes ! A ce que je me souviens, tu n'avais qu'un seul robot avant.
-Oui, répondit Tsumenokage en redescendent -il avait enlevé sa blouse de travail et portait une chemise et un pantalon en toile-. Mon travail à la League m'a permis de les concevoir avec le matériel dont j'avais besoin. Avec eux, je suis beaucoup plus puissant qu'avant. Rien à voir avec mes capacités passées, dit-il en regardant Elyonah. Du thé ? Je crois qu'il m'en reste dans la cuisine.
-Tu n'as pas plutôt de la bière ? tenta Madwain.
Le yordle disparut dans une pièce voisine alors que les chevaliers s'étaient installés sur de confortables fauteuils. Elyonah était restée debout : elle déambulait dans la pièce en regardant les différentes machines qui s'y tenaient. Son regard s'attarda sur un drone, similaires aux trois autres volants dans la pièce.
-Alors, quelle est votre prochaine destination ? s'impatienta le yordle en revenant, les bras chargés de biscuits,de tasses et de chopes.
-Nous nous dirigions vers Shurima, répondit Paladïn.
-En passant par le Mont Targon je suppose. On raconte que c'est un lieu très hostile. Attention ! dit il en direction d'Elyonah. J'y tiens beaucoup à celui-là.
-Oh, que de souvenirs ! s'exclama Xathote en s'emparant du premier modèle de drone du scientifique.
-Oui, DFR-1 est le tout premier robot à m'avoir accompagné dans les arènes. La référence de toutes mes autres créations je dois dire.
Tsumenokage appuya sur trois boutons et enleva son gant télécommandé. Dans un ensemble parfait, les trois drones s'envolèrent vers leur réceptacle où ils se posèrent et s'éteignirent.
-Bref, on en étions nous, reprit le yordle. Ah oui ! Le duel !
-Le quoi ? s'étonna Elyonah.
-Le duel. Ne t'inquiète pas, ce n'est rien d'officiel, mais je tiens à te combattre pour voir quelle genre de personne tu es.
-Et si je refuse ? s'opposa la support.
-En tant qu'ancien membre de ce groupe, tu me dois bien ça.
Elyonah fit la moue, cherchant une aide dans le regard de ces compagnons. Malheureusement, aucun ne prit son parti. Tsumenokage était de retour.

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