Dès que ses parents devaient s'absenter plusieurs jours, voire plusieurs mois, Tsumenokage partait de sa maison pour rejoindre le vieil entrepôt. Juste après ses douze ans, ses figures parentales durent partir pour Piltover préparer et assister au Festival du Vol, durant lequel une course de dirigeable avait lieu entre Piltover et Zaun. Ce festival marquait aussi le commencement de la fameuse Conférence de Techmaturgie, évènement que les Revelth ne voulaient rater pour rien au monde.
Le voyage aller-retour leur prendrait de bons mois, ce qui laissait le champ libre au yordle pour explorer de fond en comble ce laboratoire robotique. L'ensemble de cet entrepôt était composé d'outils et de drôles de machines. Avec son âge mûrissant, Tsumenokage commençait à en comprendre l'utilité. Il trouva également des livres et parchemins détaillant précisément le fonctionnement des machines qu'il n'avait toujours pas décrypté. Tsumenokage passa presque un mois entier à désosser seul l'ensemble de ces tas de ferrailles, à en retirer les composants et à les remonter. Ensuite, excité par les nouvelles connaissances qu'il avait acquises, il commença à fabriquer ses propres prototypes de drones aériens autonomes.
Sa première invention était un petit robot marcheur. Il ne dépassait pas le mètre de haut, mais tenait parfaitement en équilibre sur deux pattes et répondait à l'ordre âVa chercherâ en allant récupérer un objet bien spécifique (dans ce cas-là , une canette de jus de fruit).
Tsumenokage continua à le bidouiller. Il lui ajouta deux caméras à la place des yeux, lui permettant de reconnaître son créateur, et créa un algorithme qui lui apprit à reconnaître des objets présentés et à les sauvegarder en mémoire pour aller les chercher plus tard.
Lorsqu'ils rentrèrent, ses parents ne purent être plus fiers. Leur fils avait en lui une passion et un don familial qu'ils ne tardèrent pas à clamer au monde entier.
Un beau matin, les Revalth eurent une visite inattendue. Quelqu'un s'écria à l'entrée du garage :
-Hey oh ! Y'a-t'il quelques experts ici ?
Peragon fut le premier à se présenter. Il avait un grand crayon à papier à moitié taillé derrière son oreille, et essuyait ses mains sur un torchon déjà recouverts de traces de suies.
-Cela dépend de l'expertise recherchée ! sourit Peragon en étreignant Stodoc Marchecor. Comment ça va, mon vieil ami ?
-Surveille tes paroles, nous avons le même âge, répondit le yordle. Nous sommes de passage à Bandle, et nous espérions queâ¦
Lys apparut derrière une machine, dans le même état que son mari. Stodoc rigola en l'apercevant et la salua.
-Tsume, vient dire bonjour, se retourna Lys.
Une petite frimousse se montra à cet instant. Tsumenokage avait six ans et grandissait plutôt vite. Stodoc se baissa pour être à sa hauteur et l'ébouriffa :
-Comme tu as grandi ! Opale sera ravie de voir à quel point tu es grand maintenant !
-J'ai même construit ça !
Le petit yordle partit en courant à travers le hangar, trébuchant et se rattrapant, faisant s'élever un vacarme monumental dans le hangar.
-Tsumenokage, dit sa mère, exaspérée. Ne cours pas !
-Oui maman !
Il revint, les bras armés de son robot chercheur.
-Il s'appelle Sniffeur.
à l'annonce de son nom, le robot tourna la tête vers le petit yordle alors que ce dernier le posait au sol.
-Sniffeur, va chercher ! ordonna Tsumenokage en montrant à son robot une canette de jus de fruit.
Le robot analysa la situation puis se mit à marcher à travers le hangar en levant la tête un peu partout.
-Impressionnant, s'écria Stodoc alors que le robot revenait avec une canette similaire qu'il tendait à Tsumenokage.
Ce dernier eut subitement l'air déçu. Le robot lui avait ramené une canette vide.
-Il ne sait pas encore faire la différence entre le plein et le vide⦠marmonna le petit yordle.
-Ce n'est pas grave, c'est déjà très prometteur ! sourit Stodoc en jetant un clin d'oeil aux deux parents. Ce que je voulais vous dire, c'est que nous sommes à Bandle pour quelques mois, alors cela nous ferait plaisir que vous veniez manger à la maison ce soir.
-Bien sûr, qui refuserait un dîner en vieux amis ? répondit Lys en lui rendant un sourire charmant. Nous serons là vers sept heures et demie, comme d'habitude.
Les Revalth sonnèrent à la porte des Marchecor à sept heures trente précises.
-Toujours à l'heure, à ce que je vois. On ne perd pas les bonnes habitudes, remarqua Stodoc en ouvrant la porte.
Lys lui tendit un panier de fruit confits.
-En tant que scientifique, le temps est une affaire sérieuse.
-Entrez, entrez donc !
Il ferma la porte derrière Tsumenokage qui s'accrochait au pantalon de sa mère. Il portait son robot dans l'autre main.
Opale était assise à table. à l'arrivée du couple, elle se leva en se penchant en arrière, se tenant le bas du dos pour équilibrer avec le poids de son ventre rond. Les yordles accueillirent la nouvelle avec joie et bonheur.
-Voilà donc ce qui explique votre retour à Bandle, expliqua Peragon.
-Vous allez voir, ça va vous changer la vie ! J'espère qu'il sera aussi doué que vous, comme Tsumenokage qui a hérité de nos potentiels, s'exclama Lys.
-Cela ne fait pas de doutes, dit Stodoc avec un sourire en coin.
Ils mangèrent en racontant leur vie respective, sans oublier leur voyage et leur rencontre. Tsumenokage ne savait plus où donner de la tête. Quand il présenta son Sniffer à Opale, elle avait des petites étoiles dans les yeux.
-Tu sais, Stodoc, commença-t-elle doucement en manipulant avec précaution le bras de Sniffeur, je pense qu'on pourrait l'amener à l'Institut quand il sera plus grand, histoire qu'il voit notre travail.
-Ce serait vraiment génial pour lui, acquiesça Lys en le regardant manger ses fruits. Peut-être aura-t'il envie d'y travailler comme vous, après ça.
-S'il a besoin de devenir stagiaire, il sera ou frapper, ajouta Stodoc.
-Je suis sûr qu'il s'entendra bien avec Xathote, sourit Opale.
-C'est qui Zathote ?
Les regards se tournèrent vers le petit yordle.
-Xathote, le corrigea Peragon. C'est leur enfant qui va bientôt naître. Tu seras gentil avec lui, n'est-ce pas, Tsume ?
-Je lui prêterai Sniffeur s'il veut jouer avec.
Le petit yordle retourna son nez vers son dessert, apparemment ravi d'avoir bientôt un nouvel ami. Les adultes, eux, se concertèrent du regard et se mirent à rire.
