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Tsumenokage, le Porte Drones

Chapitre 7 - Cours d'essai

le 27 avril 2016

Tsumenokage était stressé et cet état se lisait facilement dans sa marche, nerveuse. Il tenait dans ses bras nombres de parchemins, aidé par son drone porteur. Il ne faisait pas attention où il marchait, regardant ses pieds en récitants des paroles inaudibles. Quand il rentrait dans quelqu'un, il lançait un vague «désolé» et continuait sa route sans ralentir. Il arriva devant l'Académie, vide, puis s'arrêta et souffla pour reprendre son souffle. Il approcha ensuite sa main de la poignée pour ouvrir la porte. Une sonnerie familière retentit. Subitement, un raz-de-marée envahit les lieux : les étudiants sortaient et entraient dans le bâtiment alors que la cafétéria se préparait à recevoir ses clients habituels.
Tsumenokage fermait les yeux et se protéger le visage mais, contrairement à ce qu'il s'attendait, personne ne le bouscula. Les étudiants, un mélange entre yordle et humains, l'évitaient avec habilité, laissant entre eux une distance respectable. Tsumenokage en avait presque oublié cette atmosphère de respect qui régnait dans ces établissements. Il entra dans le hall d'accueil qui n'avait pas changé depuis qu'il avait quitté l'Académie. Il trouva rapidement le bureau des professeurs et frappa hâtivement. Une femme lui ouvrit, le visage parsemé de quelques rides. Elle avait une tenue stricte et très professionnelle sous sa blouse blanche complètement ouverte, même si un regard amusé se traçait derrière ses lunettes en demi-lune. Des talons qui claquaient au sol la rehaussaient de quelques centimètres, comme son chignon, parfaitement tenu sur le haut de son crâne.
-Ah, vous devez être Tsumenokage.
-Oui, c'est moi.
-Entrez, entrez.
La salle était meublée de façon méthodique et pratique : la machine à café bordait la fenêtre pour permettre aux fumeurs de profiter de leurs boissons chaudes, une petite cuisine ouverte donnait sur la salle et plusieurs tables rondes étaient éparpillées par-ci par-là. Pour gagner de l'espace, les fauteuils et autres canapés étaient posés dans l'angle de droite.
Personne ne se trouvait dans la salle hormis eux. La femme l'invita à faire comme chez lui et ouvrit un placard en suspension où se tenaient plusieurs badges holographiques. Elle en programma un qui afficha une photo, le nom et le prénom du yordle, puis lui tendit.
-Nous vous avons attribué l'amphithéâtre cinq. Vous pourrez l'ouvrir avec vos empreintes digitales.
-Merci beaucoup, Madame...
-Madame Ly. Enchanté, sourit la professeur. Je suis enseignante en biologie. Alors, pas trop stressé ?
-Un peu, avoua le yordle. J'ai surtout peur de perdre mes mots.
Elle enleva sa blouse et la plia avec soin avant de la poser dans son casier, puis s'empara de son sac.
-C'est normal quand on passe de celui qui écoute à celui qui enseigne. Ne vous inquiétez pas, nos étudiants sont intelligents et attentifs, tout va bien se passer. Vous avez mangé ?
-Non, mais j'ai un sandwich qui m'attends dans mon sac. Je préfère me préparer tant que je suis là.
-Comme vous souhaitez, répondit Madame Ly. Vous devez être prêt vers deux heures, mais vous devrez ouvrir les portes un quart d'heure à l'avance.
-Très bien, quatorze heures moins le quart, c'est noté.
-Remontez nous voir une fois que vous aurez terminé, nous serons ravis d'avoir un retour de votre part, sachant que vous étiez étudiant ici.
Tsumenokage acquiesça et se dirigea sans tarder vers l'amphithéâtre en se laissant guider par ses souvenirs. Le cinquième amphithéâtre pouvait contenir un peu plus d'une promotion entière, et Tsumenokage se rassura en pensant à autre chose. Il étala ses parchemins sur le grand bureau ou contre le tableau, puis ordonna à son robot de se mettre en vol stationnaire. Une fois préparé, il répéta une dernière fois son speech et quand il eut finit, souffla un grand coup.
Il décida de penser à autre chose en sortant son sandwich au poulet dans lequel il croqua avec envie. Ses bouchées furent accueillies dans son estomac comme son premier repas depuis des mois, ce qui décontracta le yordle. Il s'était confortablement installé quand il remarqua l'heure.
Avec cinq minutes d'avances, il ouvrit les portes de l'amphithéâtre.
Il allait retourner s'asseoir pour finir son casse-croûte quand une étudiante entra. Elle lui adressa un sourire et s'exclama :
-Bonjour.
Tsumenokage s'essuya la bouche, gêné, et lui répondit après quelques secondes.
-Bonjour. Excusez-moi, je n'avais pas fini de manger.
L'étudiante s'assit au troisième rang, vers le milieu de la salle, et s'enquit en regardant son sandwich :
-Sandwich au poulet ?
-Oui, mon préféré.
-Je préfère au thon et crudités.
Cet échange permit au yordle de se détendre suffisamment pour finir son repas en vitesse. Les autres étudiants ne tardèrent pas à s'installer.
Quand la sonnerie retentit, Tsumenokage était prêt. L'amphithéâtre était bien rempli et seuls quelques sièges vacants marquaient les limites entre les différents groupes d'étudiants.
-Bien, je pense que tout le monde est ici, donc nous pouvons commencer.
Plongé dans le début de son monologue, Tsumenokage ne remarqua pas la petite silhouette cachée derrière deux lunettes rondes se faufiler dans la salle.
-C'est intéressant ? chuchota-t-il aux étudiants à côté desquels il venait de s'asseoir. Qu'est-ce que j'ai raté ?
-Chut professeur ! ripostèrent les étudiants. Il vient de commencer.

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