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Caërwyn, l'Assassin du Néant

Chapitre 1 - Le pacte

le 27 avril 2016

L'Institut de la Guerre était une très grande ville majoritairement souterraine. Composée d'une très grande bâtisse montée sur une vingtaine de colonnes, l'Institut surplombait une ville riche et animée, ne possédant aucun fort, aucun bastion de défense.
Les habitants à la surface étaient, pour la plupart, des valorans ne trouvant pas ou plus leur place dans les factions de Runeterra. La plupart des membres de l'Institut, eux, habitaient en dessous de la surface, dans la ville souterraine baignée dans une lumière bleutée dûe aux nombreux cristaux plantés dans la roche.
Brasir et Tulielle Saan, un jeune couple scientifique, menait une vie paisible sous la surface avec leur enfant âgé d'à peine quelques mois. Mariés depuis quelques années, ils faisaient partis des employés en charge de la sécurité sur les différentes arènes, travaillant sur les boucliers de protection des champions et sur les systèmes d'intégration des monstres.
Chaque journée se ressemblait étrangement, mais cela plaisait aux Saan qui ne s'en lassaient pas.
Une journée, Tulielle, incapable de payer une nourrice plus longtemps que d'habitude, dû emmener leur fils au laboratoire. Ils avaient un travail important à terminer sur la future intégration du nouveau Baron Nashor, espèce trouvée il y avait peu dans les plus grandes profondeurs de la Serpentine River. Cette dernière créature était beaucoup plus puissante, beaucoup plus impressionnante que la précédente, elle ferait un magnifique monstre épique sur la Faille de l'Invocateur.
Il devait être dans les alentours de minuit quand la famille Saan quitta le laboratoire. Ils marchaient, confiants, dans les rues de la ville en discutant de leurs dernières missions :
-Ce nashor est vraiment impressionnant. J'espère que nous pourrons le voir de plus près, bientôt.
-Je demanderais aux maîtres de nous invoquer dans la faille alors, sourit Tulielle qui tenait Caërwyn endormit dans ses bras.
-Non, attends Tulielle.
Son mari l'arrêta dans sa marche.
-Je parlais de le voir en vrai...
-Tu es fou ? s'exclama la femme. Tiens-tu à te faire dévorer ?
-Non, souffla son mari. Mais tu ne peux pas imaginer à quel point il doit être grand pour avoir de telles capacités, même une fois matérialisé dans la faille...
-Je sais, répondit Tulielle. Moi aussi j'aimerai le voir en vrai, mais si nous pouvions voir les vrais monstres de la jungle, nous les aurions vu depuis longtemps...
-Oui, déclara son mari en continuant à marcher. Et cela me désempare. Nous sommes des scientifiques qui travaillons sur de simples hologrammes !
-C'est frustrant, en effet... mais...
Tulielle s'arrêta brusquement.
-Qu'y-a-t'il ? murmura son mari.
Une ombre avait bougé, sur la droite. Elle n'était pas massive, mais tellement rapide que Tulielle l'avait perdu de vue aussitôt.
-Quelqu'un nous suit, chuchota-t-elle.
Brasir se tut à son tour. Il avait remarqué quelques instants plus tôt que les ruelles étaient étrangement calmes, même à cette heure-ci de la nuit. La ville de l'Institut n'était pas réputée pour sa criminalité. Pourtant, les assassins des autres factions existaient bel et bien...
Quand une poubelle tomba au sol, Brasir cria :
-Cours, Tulielle !
Il sortit courageusement une petite dague de dessous sa blouse blanche et se mit dans une position défensive pendant que sa femme s'engageait dans une ruelle en serrant son fils contre elle.
-Qui... qui êtes-vous ? s'écria Brasir armé de courage.
Un rire horrible répondit à sa question. Brasir fronça ses sourcils en reconnaissant la voix.
-Tridas, c'est toi ?
Le Tridas en question apparut devant lui.
-Que me veux-tu ?
-Pas grand-chose, répondit son collègue de laboratoire. Vois-tu, Brasir, j'ai un client qui est prêt à me payer un assez bon prix pour ta tête. Et puis, j'ai tout à gagner avec ce pacte ; si tu meurs cette nuit avec ta femme, mon client me payera et j'aurai enfin tous les mérites de l'implantation du nouveau Nashor sur la faille...
-Comment as-tu pu nous trahir ?!
-Comme ça, parce que j'avais envie. L'argent, je m'en moque. Enfin (il rigola) pas totalement non plus.
Tridas saisit Brasir par le coup et commença à l'étrangler. Brasir, trop faible pour se défendre face à cette masse de muscle, tomba au sol en suffoquant :
-Dans mon dernier souffle, je t'offre mon âme, vengeresse. Que justice soit faite.
-Nous l'acceptons, dit une voix en écho, profonde, inquiétante.
Tulielle courait dans les rues de la ville. Elle tentait de garder son souffle mais sa course l'avait vite fatigué. Elle s'arrêta dans un cul-de-sac, s'asseyant derrière une montagne de carton. Caërwyn, qui s'était réveillé, commença à pleurer.
-Non ! Chut ! Calme-toi je t'en prie !
Elle enleva sa blouse et l'étala au sol en boule. Elle déposa ensuite son fils dessus et mit sa main sur son ventre. Elle commença à le masser pour qu'il se calme quand une ombre apparut derrière elle.
Savant déjà son mari tombé, une larme à l'oeil, Tulielle se releva et tenta d'asséner un coup à son agresseur. Tridas sourit et empoigna la femme par le cou. Mais cette fois ci, il ne voulut la tuer par étranglement ; avec la dague de son mari, il transperça la scientifique qui, tombée au sol, se mit à cracher son propre sang.
Une fumée étrange apparut à la sortie de l'impasse. Une femme en sortit, elle était vêtue de noire et avait trois lances qui la transperçaient.
-Qui, qui es-tu ? trembla l'assassin.
-Nous sommes la lance de la vengeance, dit l'étrange femme. Nous sommes là pour toi, vaurien.
Elle tendit le doigt vers Tridas qui tremblait comme une feuille.
-Sûrement pas !
Il s'élança au fond de l'impasse, tentant d'escalader le haut mur qui le séparait d'une issue.
-Tes mains sont sales du sang des innocents, continua l'être. La trahison a rempli tes poches de biens mal acquis.
La femme matérialisa une lance dans sa main et la lança. L'assassin se retrouva empalé sur le mur et, avant qu'il ne tombe, reçut une deuxième, puis une troisième lance.
-Tel est le prix de la trahison...
La femme commença à retourner dans sa fumée quand elle vit la victime ramper au sol. Elle la suivit du regard jusqu'à ce qu'elle remarque la présence de l'enfant.
-Ka...Kalista, suffoquait Tulielle. En échange de mon âme, je voudrais que tu prennes soin de notre fils.
-Pourquoi accepterions-nous ceci ? répondit froidement Kalista.
-Tout ceci n'est qu'une question de vengeance...
Tulielle cracha de nouveau du sang :
-Je t'offre mon âme et t'offre mon fils pour qu'un jour, il puisse venger à son tour la mort de ses parents.
-Ton agresseur est actuellement empalé sur le mur de sa rédemption.
-Non, toussa Tulielle. Tridas n'aurait jamais fait ça seul... De plus, si personne n'arrête celui qui est derrière tout ça, l'Institut... Non, la League est en danger...
Tulielle rendit l'âme. Près de la déesse de la vengeance, son âme sortit de son corps et attendit, patiemment, un ordre de la divinité. Kalista soupira et regarda l'enfant qui s'était remis à pleurer.
-Soit, nous l'acceptons.
L'âme de Tulielle s'engouffra dans la fumée de Kalista qui disparut avec Caërwyn dans les bras.
Le temps passa. La déesse continuait son oeuvre, laissant souvent Caërwyn livré à lui-même dans une grande forêt du Néant. Il grandissait seul, éloigné de toute chaleur humaine, de tout contact apaisant. Un jour, une énorme bête entra dans la forêt. Apeuré, le petit garçon, les larmes aux yeux, cria :
-Kalista !
Elle apparut immédiatement à ses côtés. Elle n'était pas sociale, préférant la compagnie de ses âmes à celle des autres, mais elle finissait par s'attacher à lui, ne savant pourquoi. Elle lui souffla quelques mots à l'oreille et repartit. C'était ce qu'elle croyait être une protection suffisante. Et de toute façon, où qu'elle soit, elle veillait toujours sur lui... Et elle semblait avoir compris qu'une autre ombre surveillait le petit humain...

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