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Partie 2 - Les Chevaliers de l'Aurore Rouge

Chapitre 3 - Désolés

le 16 septembre 2015

Madwain et Caërwyn franchirent les portes de l'auberge. Celle-ci était encore remplie de clients voulant étancher leurs nuits dans les boissons, mais il n'y avait aucune trace de leurs compagnons. Madwain adressa quelques mots au gérant puis se tourna vers son compagnon :
-Ils sont déjà montés, lui annonça-t-il en s'engageant dans l'escalier.
Ils s'aventurèrent au premier étage où ils avaient loués deux chambres.
-Bonne nuit, lui dit le jungler en retournant au rez-de-chaussée après avoir jeté un coup d'oeil dans sa chambre.
-Ben, où vas-tu ?
Madwain le dévisagea sur l'escalier.
-Qui dit auberge dit boisson. Ils dorment s'ils veulent, moi, je ne vais pas me priver.
Caërwyn sourit puis soupira lorsque son jungler disparut. Il songeait à ce qu'il allait bien pouvoir dire quand il ouvrit la porte en silence. La chambre était dans la pénombre alors que la soirée débutait à peine. Une assiette était posée sur la table basse. Elle était remplie de sorte de pâtisseries pliées en triangle. Caërwyn sourit en reconnaissant un reste de crêpes, spécialités de Bandle City.
Alors elle a vraiment cuisiné pensa l'ADC en se rappelant des paroles de Xathote durant le match.
Caërwyn engloutit sa part en se demandant si Madwain en avait aussi dans sa cabine.
C'est dans cette optique qu'il prit l'assiette et descendit. Il trouva son jungler assis au bar, attendant sa première chope d'une longue série de breuvage.
-Tiens, dit-il en posant les crêpes sur le bar.
-Ah, s'exclama-t-il. On peut dire qu'elle tient bien ses promesses.
Quelques regards envieux louchaient sur Madwain qui engloutissait sa part. Il s'empara de la dernière crêpe pour la manger quand un ivrogne cria dans son coin :
-T'aurai pu en laisser un peu !
-Fais-en toi même ! répondit l'homme de Piltover.
-Ah, pas de femme, pas de cuisine ! rétorqua-t-il.
Caërwyn se tourna vers Madwain :
-C'est moi où c'était complètement sexiste ? s'interrogea Caërwyn en pensant à Elyonah.
-Laisse tomber, ajouta son jungler en lui bloquant le passage avec son poing mécanique.
L'AD carry marmonna dans sa barbe et remonta à l'étage.

Elyonah était allongée sur son lit. Est-ce qu'elle dormait ? Où faisait-elle juste semblant dans le but d'éviter la moindre discussion ?
Caërwyn attendit quelques secondes dans le silence, au final sûr de la réponse.
Tu dois prendre ton temps. Cette histoire se déroule trop rapidement à mes yeux... lui disait Madwain dans sa tête.
Son armure était entreposée au pied de son lit : une tenue noire, avec des touches de bleus de temps à autres se baladant sur le plastron et les épaulières. Une armure fine mais pourtant tellement robuste. Il attrapa une épaulière sur laquelle était gravée le signe de Leona -un magnifique soleil mais en bleu- et chercha l'origine de ce matériel. Ce n'était ni du fer, ni de la cotte de maille : il était solide et léger, une sorte d'armure de rêve. La deuxième épaulière représentait l'insigne de Diana, un globe surmonté d'un croissant. Il était étrange que ces deux signes totalement opposés se retrouvent sur la même armure, mais cette idée collait parfaitement à la guerrière de l'Éclipse. D'ailleurs, le bouclier d'Elyonah était gravé par l'union de ces deux signes, formant ainsi un cercle mi-soleil, mi-lune. Par contre, son arme n'avait rien à voir avec les monts Targon : si les Ra-Horaks et les Rakorrans se battaient à la lance où à l'épée, Elyonah, elle, possédait un cimeterre assez long et peu courbé, reposant dans son fourreau.
Ses vêtements à lui ressemblaient typiquement à ceux d'un assassin. Il n'avait jamais songé à les changer ; il le caractérisait bien, orphelin abandonné, ne survivant uniquement que grâce au pacte de sa mère avec la Déesse de la Vengeance, dont le signe était cousu sur sa capuche. Le reste restait basique ; une chemise blanche et un pantalon marron, des bottes et des protèges-poignets en cuir souple, noirs et rouges. Une courte cape voletait sans son dos. Elle lui rappelait parfois les mouvements brumeux de Kalista, si bien qu'elle se fondait avec sa propre fumée, cette aura qui flottait autour de lui comme un spectre. Une brume qui l'habillait comme elle habillait Kalista. Elle était d'ailleurs d'autant plus visible quand il utilisait ses capacités, puisque ces armes elles-mêmes naissaient de cette brume.
Il pouvait s'en débarrasser, bien sûr –il lui suffisait d'y penser-, mais sans elle, il se sentait comme vide, un être dont il manquait une importante partie.
-Tu sembles bien songeur.
Caërwyn sursauta. Il avait oublié qu'il était immobile dans le silence, regardant l'épaulière d'Elyonah qu'il tenait dans sa main.
-J'étais dans mes pensées, répondit-il en posant la pièce d'armure avec le reste.
Elyonah se retourna pour le regarder s'éloigner vers son lit. Elle remarqua que l'assiette avait disparu et sourit :
-J'ai négocié une heure et demi pour pouvoir utiliser les fourneaux du cuisinier.
-Mes compliments et ceux de notre jungler, souffla-t-il en se dirigeant vers la fenêtre où il s'appuya contre le rebord.
Il regardait la nuit, calme et douce. La neige avait fini de tomber, laissant derrière elle une ville figée dans le temps. Pour peu, cela rappelait le Néant à Caërwyn. Sauf que cette fois-ci, il n'était pas seul, même si ce silence régnait toujours...
Elyonah l'observait. Que pouvait-il bien penser, en cet instant, les yeux dans le vide ?
Il la regarda d'un air surpris alors qu'elle se levait en emportant une fine couverture et s'adossa à la fenêtre.
-Je suis désolée. C'est ma faute, je n'aurai jamais dû foncer dans le tas sans prévenir... Ce sont tes dagues qui m'ont interpellées. Je ne sais pas pourquoi, poursuivit la support, mais j'ai cru un instant qu'elles ressemblaient à d'autres dagues, familières.
Il resta silencieux. Aussi près d'elle, il sentait son souffle lent et régulier. Malgré lui, il ne parvint pas à se caler sur son rythme. Son coeur était très lent comparé au sien.
-Bref, reprit-elle après un silence. Je suis désolée.
Elle se retourna dans le but de repartir se coucher. Il l'a saisi par le coude.
-Reste... s'il te plaît.
Elle s'arrêta dans son mouvement, mais resta dos à lui. Elle murmura quelques mots, inaudibles, mais qui sonnèrent comme deux énormes carillons aux oreilles de l'ADC :
-Je sais ce que tu veux...
Ils restèrent immobiles, silencieux, encore.
-Dis-moi quelque chose... la supplia Caërwyn.
-Moi quelque chose.
-...brise ce silence qui me hante depuis toujours. Attends... quoi ?
Elle ne dit rien, mais pour parole, se retourna vers lui. Caërwyn ne bougea pas pendant quelques minutes. Une chaleur inconnue montait sur ses joues.
Et voilà, se dit Caërwyn. Tu l'as faite ta connerie.
-Je sais que tu m'aimes et que je ne pourrais jamais rester indifférente.
-...mais...
-C'est tout ce que je trouve à te dire. Tu voulais que je brise le silence, voilà qui est fait -mais on oublie ma blague de merde-.
-Oui mais... je ne m'attendais pas à ça, à vrai dire.
Elyonah finit par se blottir contre lui. L'étreinte de Caërwyn la rendit aussitôt mal à l'aise, alors elle s'éloigna.
-Merci.
-De quoi ? s'enquit-elle en s'arrêtant.
-D'avoir... accepté de te joindre à nous...
La brume autour de Caërwyn se dissipait peu à peu. Elle s'envolait comme un rêve, s'entrelaçant autour d'eux pour finir par disparaître. Pour la première fois dans sa vie, Caërwyn se sentit humain, être vivant de ses sentiments et de son instinct qui lui criait de ne pas la lâcher.
De ne plus jamais la lâcher...
-... de m'avoir supporté pendant tout ce voyage et de continuer à le faire malgré ma mauvaise humeur. De veiller sur nous comme une mère le ferait. Merci de faire tout ça sans jamais te plaindre, sans jamais demandé quelque chose en retour.
Elyonah lui sourit et se recoucha sans un mot de plus.

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