• twitter
  • facebook
  • youtube

Connexion

Partie 6 - La fin de la League

Chapitre 8 - Évasions

le 16 septembre 2015

-Ah !
Elyonah et Tsumenokage atterrirent dans la salle d'Invocation de l'Institut. Le sol était effondré au niveau du centre, une énorme pierre reliait le sol et le niveau inférieur.
Elyonah parvint à amortir le choc en pliant ses genoux mais glissa et trébucha sur la pente avant de tomber sur les mains, au niveau inférieur. Le yordle, par quelques réflexes inouïs, appuya à temps sur sa télécommande pour que son drone de déplacement le rattrape et le dépose délicatement sur un endroit stable. Il se pencha au-dessus du nouvel accès où Elyonah avait perdu l'équilibre.
-Ça va, en bas ?
-Oui oui, répondit une voix lointaine, pincée de remords d'avoir accepté cette téléportation.
-Ne bouge pas, j'arrive.
Il appuya de nouveau sur ses commandes et s'enfonça dans les profondeurs. La lumière de la salle d'Invocation ne parvenait pas jusqu'en bas, alors il utilisa un autre drone pour éclairer sa trajectoire.
Elyonah se relevait. Elle se dépoussiéra et remit en place son équipement.
-Désolé, dit-elle en se tournant vers lui. J'ai échappé ton dernier robot en tombant.
-Pas de problème, on va le retrouver, sourit-il en pressant son bouton de traçage.
Un bip résonnant sonna non loin, accompagné par une légère lueur verte.
-Tu as même prévu un système de traçage ? s'étonna la support.
-Ne jamais sous-estimer l'ingéniosité d'un expert en robotique, ma chère.
Ils suivirent la piste pendant une minute, évitant débris et colonnes abattues au sol par des forces au-delà de leur compréhension.
-Mais au fait, où sommes-nous ?
-Nous sommes en dessous de la salle d'Invocation, répondit Tsumenokage, les yeux rivés sur son radar. Tu vois ces colonnes, là ? Ce sont des éléments clés de la structure. Je ne sais pas comment l'Institut a pu sombrer aussi facilement, mais déjà, nous avons un énorme indice.
-Quelqu'un a fait en sorte que les piliers s'effondrent.
Le robot vert de Tsumenokage avait roulé sous deux roches tenant encore en équilibre. Il se pencha en tendant le bras et fit rouler le drone rond vers lui avec patience et délicatesse. Il l'épousseta rapidement et vérifia son état de marche.
-Oui, mais comment, là est la question, s'enquit-il finalement en allumant son système de détection amélioré.
Le drone se mit à flotter à trois mètres du sol et diffusa une lumière tournante vers le sol, puis vers les murs et le plafond.
-Je pense qu'il y a une sortie par-là, annonça le yordle en pointant le sud du doigt. Mais il me semblait que l'issue de secours était de l'autre côté... Étrange. Qu'est-ce qu'on fait ?
Elyonah jugea les options.
-Hum... comme tu viens de le dire, je ne vais pas sous-estimer tes capacités, alors je préfère suivre le robot.
Après quelques minutes de marche et d'esquive, les explorateurs tombèrent sur un énorme trou mural quasiment circulaire. Il devait avoir un diamètre d'une dizaine de mètre, tout au plus.
-Je comprends mieux pourquoi mon robot indiquait cette direction... et j'ai peur de savoir ce qui a pu creuser ce passage.
-Ne me dis pas que c'est le Baron Nashor, genre... le vrai.
-Malheureusement si, mais ce n'est pas tout.
Le yordle se pencha vers un élément vert gluant qui couvrait l'arc de cercle inférieur du trou. Le créateur d'une telle substance ne laissait pas de doute :
-Kog'Maw... murmura Elyonah en lisant dans ses pensées.
-Ce sont les Chambres de Confinement, ajouta Tsumenokage en se relevant. Nous arrivons beaucoup trop tard...
Ils enjambèrent le passage en regardant où ils posaient les pieds. Le yordle trouva un interrupteur et des lumières rouges se mirent à grésiller. Deux d'entre elles finirent par s'allumer, éclairant à peine la salle de Confinement.
Deux murs ornés de deux et trois portes se faisaient face. Elyonah en compta quatre en fer et une en pierre. La moitié des portes avait été fracassée. Les murs étaient eux, parsemés d'ouvertures causé par des chocs brutaux, de traces de griffure, de sang, de dégueulis de Kog'Maw ou de carbonisation.
-Pas de doute, il s'est passé quelque chose ici... frissonna Elyonah devant la violence présumée des combats.
Le yordle se tourna vers le trou par lequel ils étaient entrés et posa sa main sous son menton :
-Si on suppose que le Baron Nashor est entré par-là, alors il est ressorti par cette même issue, vu qu'aucun autre trou n'est apparemment présent, ce qui pourrait signifier que quelqu'un ou quelque chose lui a fait peur.
-Où alors il cherchait la sortie, devina Elyonah.
-Et il se serait enfui en voyant que ces personnes-là n'étaient pas très amicales...
Le coach s'avança devant une porte de fer. Il lut la plaque indiquant «Brand, Vengeur Flamboyant» puis ouvrit la porte. Une lumière blanche envahie le couloir des Chambres de Confinement, tellement puissante qu'on y voyait presque comme en plein jour.
-C'était la cellule de Brand... emprisonné dans un cercle lumineux.
-Et pour les autres ? s'interrogea Elyonah en regardant le contenu des autres salles, heureusement vides.
Tsumenokage lança un robot en reconnaissance avant de répondre :
-Pour ce qui est de Kog'Maw, il était juste enfermé sans mécanisme spécial, même s'il recevait de temps à autre une portion alimentaire suffisante pour faire exploser l'estomac d'un géant. Renekton était enchaîné dans cette salle de pierre. Quant à Cho'Gath, je ne sais pas...
» Fiddlesticks doit normalement se tenir seul dans la chambre d'invocation la plus à l'est de l'Institut de la Guerre, dont les accès ont été condamnés par la League... Quand à Nocturne, il est lié à un fragment de Nexus, mais sa prison est vide...
Il vérifia la caméra de son robot en reconnaissance et se retint d'un haut-le-coeur. Le drone volait à basse altitude dans les couloirs détruits de l'Institut, au-dessus d'eux. Des corps sans vie reposaient sur le sol, déchiquetés, empalés et certains maigres d'une anorexie soudaine. Tsumenokage parvint à identifier quelques morts qui n'avaient pas été défigurés.
-Ces massacres étaient-ils vraiment nécessaires ? murmura Elyonah qui regardait par-dessus son épaule.
Le yordle ne répondit rien et dirigea son robot vers son laboratoire. Il n'avait pas été épargné ; les machines avaient été détruites, débranchées et jetées au sol, mais, contrairement aux couloirs et autres pièces, aucun cadavre n'était allongé au sol. Dans la salle qui menait au Centre d'Entraînement, des lettres rouges coulaient le long du mur.
-Cours, petit yordle... lut Tsumenokage en frissonnant.
Elyonah posa une main forte sur son épaule.
-Aucun doute sur les responsables de ces actes... Tu avais dit que tu n'entretenais pas de bonnes relations avec eux et cela ne fais que le prouver.
Devant sa mine décomposée, Elyonah s'accroupit devant lui :
-Ne cède pas à la panique, Tsume. Leur but était l'Institut et la League, alors ils n'ont aucune raison de s'en prendre personnellement à toi. Ce n'est que pour te faire peur !
-J'espère que tu as raison...
Le yordle fit sortir son robot. En sortant, Elyonah remarqua la photo qu'elle avait vue lors de leur précédent passage. Elle l'indiqua à Tsumenokage qui ordonna à son robot de s'en approcher. Les têtes des différents protagonistes avaient été marquées d'une croix de sang, sauf sur les demaciens.
La support demanda à Tsumenokage de s'en emparer, puis le robot partit vérifier la chambre d'invocation la plus à l'est de l'Institut.
La pièce était dans le même état que le reste du bâtiment. Les murs avaient été pulvérisés de l'extérieur et un trou béant menait vers la ville de l'Institut. Aucun doute sur le passage du Baron Nashor par ici. À travers l'ouverture, on pouvait apercevoir les sinistres de son sillages ; les maisons effondrées, les vies ôtées, les parois de la grotte creusées... L'atmosphère parfaite de cette ville était définitivement résolue.
Le robot revint finalement vers les deux chevaliers sans relever aucune trace de vie.
-Ne restons pas là, décida Elyonah en se dirigeant vers la sortie de la salle de Confinement.
L'odeur des cadavres monta immédiatement dans leurs narines. La support se servit de son foulard pour couvrir son nez et sa bouche. Tsumenokage, lui, se fit un masque de fortune avec son écharpe.
-Regarde... c'est étrange.
Elle étudiait de plus près la photo qu'avait ramené le robot. Elle l'avait essuyé avec un bout de blouse abandonnée. Comme elle l'avait déjà compté, onze personnes prenaient la pose, dont deux yordles et un bébé. Deux vêtements hextech étaient dissimulés sous les blouses de deux scientifiques, tandis qu'un homme plutôt fort, typiquement du nord, ne semblait pas à sa place parmi les autres, plus petits et plus minces.
Une phrase manuscrite avait été écrite, derrière la photo. L'écriture était fine et penchée et sans le vouloir, la support l'associa à la femme au visage doux se tenant juste devant le colosse barbare. Son écriture ressemblait quelque peu à la sienne, même si ses lettres étaient beaucoup moins courbées.
-De gauche à droite et de haut en bas, lut-elle, Tridas Reterd, Korm Brecir, Zeph Makkarius, Elizabeth B., Droam Nabamael, Genny M., Shadie N., Tulielle Saan et le petit Caërwyn...
-Attends quoi ? Caërwyn ? Ses parents travaillaient eux aussi ici ?
-Il faut croire, répondit Elyonah en haussant les épaules avant de reprendre la lecture. Donc Tulielle Saan, Caërwyn et Brasir S., Opale Marchecor et Stodoc M. Il y a d'autres initiales, mais celles-là...
-Quoi ? s'impatienta le yordle.
-Celles-là ont été rajoutées, comme la menace à ton attention ou les croix sur les têtes des personnes décédées ; C.G.
-Qu'est-ce que ça veut bien dire ?
Elle nia et replongea dans son étude. En s'y reprenant à trois fois et grâce aux initiales, Elyonah finit par lier les figurants par pair, hormis pour Tridas. Shadie pour Shadienne et Droam Nabamael, les parents de Paladïn, Opale et Stodoc Marchecor, ceux de Xathote,
Tulielle et Brasir Saan, ceux de Caërwyn, puis Korm et Elizabeth Brecir et enfin Genny et Zeph Makkarius.
Tridas lui disait vaguement quelque chose, mais c'était comme si ce souvenir voulait s'échapper de sa mémoire. Il était, sur la photo, le plus maigre. Les traits de son visage étaient creusés, et son expression gêné le laissait étrangement anxieux.
Korm était l'homme le plus robuste qui était mal à l'aise, même si son sourire était sincère. Il était grand et musclé, et posait une main forte sur l'épaule d'Elizabeth. Elle possédait elle aussi une forte carrure, bien que plus petite que son mari, et son ventre était assez rond, signe qu'elle était enceinte au moment de cette immortalisation. Ils semblaient tous les deux étroits dans leur blouse de travail, et cette tenue leur donnait d'ailleurs une allure assez ridicule. Pourquoi un couple aussi musclé qu'eux ne se trouvait pas sur un champ de bataille, à massacrer et déchirer leur ennemi en deux ?
Droam et Shadienne ne laissaient aucun doute quant à leur descendance. Paladïn ressemblait trait pour trait à sa mère, même si cela ne l'empêchait pas d'avoir le regard de son père ; un regard fort. Leur allure était fière et fort respectable.
Genny se tenait devant Zeph, grand lui aussi, mais moi imposant que Korm. C'était le couple qui venait de Piltover, à en juger par leurs vêtements au style hextech. Genny avait un visage doux et mince, contrairement à son mari, qui était plutôt fort et ferme. Elle était assez grande, comparée à Elizabeth et à Shadienne.
Tulielle et Brasir étaient les deux dernières personnes dont on ne pouvait discuter la raison de leur présence sur cette photo. Les poches de leur blouses étaient emplies de crayons, de feutres et de bout de papiers pendouillants, griffonnés de notes. Des lunettes reposaient sur leurs crânes. Tulielle avait les cheveux soigneusement attachés contrairement aux autres femmes présentes sur la photo, et tenait son enfant avec tendresse.
Opâle, la première yordle, avait plus une peau blanche, couleur contrastée avec celle de ses yeux bleus foncés. Son mari, Stodoc, portait lui un pelage sombre qui ressortait sous sa blouse blanche.
-Oh hey, y'a quelqu'un ?!
Les deux chevaliers se figèrent. La voix était féminine et venait de derrière eux, dans une salle qui longeait une salle de Jugement, selon Tsumenokage. Ils s'approchaient prudemment quand la voix reprit :
-J'ai vu un robot voler, là... Allez, je sais qu'il y a quelqu'un, sortez-moi de là avant que la grosse bête ne revienne me dévorer !
Ils tombèrent devant une porte en bois ouverte par quelques barreaux. Le silence était retombé, stressant, jusqu'à ce qu'une figure apparaissant entre les barres de fer ne les fasse sursauter :
-Bouh !
-Ah !
Ils tombèrent tous les deux à la renverse. Tsumenokage, dans un geste défensif, avait lancé un robot vers l'avant. Sa taille l'empêcha de passer entre les barres de fer mais il se cogna tout de même contre la tête de l'agresseur :
-Hey pouce ! Ça fait mal, boule de poils !
Elyonah leva la tête vers la porte. Une figure familière se massait le crâne.
-Jinx ?!
-Mon plan se déroule comme prévu ! Bien que j'ai maintenant cette bosse sur la tête...
-Mais... qu'est-ce que tu fais là ?! explosa le yordle.
-Ils m'ont enfermé ici comme punition, parce que j'aurai fait quelque chose de mauvais. Puis tout à coup y'a eu un énorme BOOM ! C'était génial ! Tout le monde fuyait, paniquait, courrait et se marchait dessus !
-Jinx...
-J'en étais où ? Ah oui, le chaos ! Et puis là, y'a eu le truc gigantesque, c'était un peu plus effrayant mais toujours aussi cool !
-Le Baron Nashor ? s'enquit Elyonah.
-Ouais, c'est ça ! Le ver géant violet. Et j'ai vu passer l'autre épouvantail aussi, mais lui j'ai pas essayé de le faire venir...
Les deux chevaliers se concertèrent du regard.
-Fiddlesticks, annoncèrent-ils en même temps avant de se retourner.
-Hey ! Et moi ?!
Ils dévisagèrent la championne aux cheveux bleus.
-Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, déclara Elyonah, perplexe.
-Je te suis sur le coup, l'appuya le yordle, mais on ne peut pas la laisser là non plus.
La prétendante était en train de tirer sur des monstres imaginaires à travers les barreaux.
-Jinx, continua le yordle, que vas-tu faire si on te libère ?
L'intéressée sembla réfléchir pendant une fraction de seconde puis, elle leva sa main droite vers son visage :
-Poiscaille, tu sais ce qu'on devrait faire ? (Elle se mit à bouger sa main comme si elle parlait et prit une voix rigolote : ) La vaisselle, le ménage et le repassage ! (Puis se remit à parler normalement en se frappant la main : ) Pff, débile ce lance-roquette... enfin... c'est ma main là, mais c'est ce qu'aurait-dit Poiscaille.
-Bon, on la laisse là, en conclut Elyonah.
-Non, attendez ! cria soudainement Jinx, une once de désespoir dans sa voix.
Ils pivotèrent de nouveau vers elle.
-Je vais vous dire un secret...
Sa voix était étrangement calme et sérieuse. C'était tellement intriguant pour les chevaliers qu'ils l'écoutèrent :
-Je n'aime pas quand c'est pas moi qui fout le bordel partout... Je sais pas qui a libéré ce machin truc, mais je m'en voudrais à mort s'il détruisait Piltover à ma place... donc... laissez-moi partir, et je vous promet que je ne tuerai personne... du moins, pour le moment.
Tsumenokage pesa ses paroles. C'était un pari risqué, mais, à Zaun, personne ne se démonterait pour venir la chercher.
-Très bien, souffla le yordle.
-Oui, super ! s'écria la prisonnière en sautant de joie.
-Pendant un instant, j'ai cru qu'elle était devenue consciente de la chute de la League, mais finalement, non, avoua la support en cherchant un moyen d'ouvrir la porte. Ah, tiens, ça pourrait nous servir.
Elle avait déniché le fameux lance-roquette de Jinx, posé gentiment dans un coin. Sa tête de canon en forme de requin lui donnait un air ridicule.
-Comme ça marche, ce truc ? demanda-t-elle en l'appuyant sur son épaule droite.
-Pour tirer c'est en bas, mais ne fait pas de mal à Poiscaille !
-Ouais ouais... Tsume ?
-Je t'en prie, s'écarta le yordle.
La support se plaça à quelques mètres de la porte et appuya sur la gâchette. L'explosion laissa une petite ouverture par laquelle Jinx put se faufiler.
-Rends-moi Poiscaille, maintenant ! s'écria-t-elle en tendant les bras comme une fillette réclamant son ourson en peluche. Non attends, finalement, garde-le un moment, je reviens... Attendez-moi pour mourir !
Elle s'éloigna dans les pièces adjacentes. Ils l'entendirent renverser des meubles, ouvrir des placards et briser quelques malheureux objets se trouvant sur son passage. Elle retourna vers eux quelques minutes plus tard, armée de ses grenades et de son Zap.
Ils continuèrent leur route dans les couloirs saccagés de l'Institut quand Elyonah, qui bataillait contre sa propre mémoire, s'exclama :
-Je me souviens, ça y est ! Tridas a tué Tulielle et son mari ! Ceux qui étaient avec lui étaient sûrement avec toi dans le laboratoire ! Ce sont eux que Kalista recherche pour Caërwyn !
Un énorme bruit résonna dans les couloirs sombres. Quelque chose venait de s'effondrer.
-Elyonah, les quelques piliers de soutien restants ne vont pas tenir longtemps, allons-nous-en !
Les deux chevaliers talonnés par Jinx se mirent à courir vers la sortie. Ils franchirent la géante porte d'entrée au pas de course. Juste à temps ; l'Institut s'effondra sur elle-même.

Partagez sur : Facebook Twitter