Elyonah et Tsumenokage étaient retournés à la ville d'Invocation. Confiants, ils croisèrent deux invocateurs de l'équipe de Noxus.
-Excusez-moi messieurs, mais nous avons besoin...
-Pas le temps, excusez-nous.
Elyonah baissa le bras, désespérée.
-Laisse-moi faire, sourit le yordle.
Il rattrapa les deux fuyards et se planta devant eux, les obligeant à s'arrêter.
-Messieurs, quand vous aurez fini de fuir pour votre peau, peut-être pourriez-vous écouter ce que nous avons à dire.
-Quoi ?! Mais nous ne fuyons...
-Nous avons besoin de vous pour nous invoquer à l'Institut afin que nous aidions Kayle.
-Les invocations à sens unique sont plus compliquées à mettre en place. De plus, vous êtes chargés, donc...
-Donc je suis sûr que vous prendrez le temps, en tant que membre de l'Institut, de répondre à notre demande d'urgence. Lors du dernier match, vous avez pris conscience du danger qu'encourraient mes camarades et vous avez suivi l'idéal de paix de l'Institut en rappelant vos champions dans la ville. Alors allez-vous vraiment refuser notre aide et vous terrez comme des rats, où continueriez-vous d'appliquer la philosophie que vous avez suivie jusque-là ?!
Les deux invocateurs restèrent sans voix, jusqu'à ce que le premier fasse demi-tour.
-Nous allons avoir besoin de plus de temps si vous ne voulez pas atterrir sans vos affaires. Avec un peu de chance, vous arriverez sains et saufs, mais si le lieu de téléportation a été saccagé, je ne pourrais rien faire pour vous.
Son compagnon le suivit, Elyonah se tourna vers Tsumenokage :
-Comment fais-tu ?
Il lui lança un clin d'oeil et leur emboîtèrent le pas.
Paladïn parvint à la ville portuaire dans laquelle ils s'étaient arrêtés quelques mois plus tôt. L'hiver cédait sa place au printemps et le fleuve avait déjà perdu sa fine couche de glace.
La population ne semblait pas alarmée de la situation. En tendant l'oreille, le demacien avait perçu quelques rumeurs racontant que le match des Chevaliers de l'Aurore Rouge contre les noxiens avaient été coupé sans autre explication valable. Paladïn soupira de soulagement et enfila sa capuche pour ne pas inquiéter les figures qui le reconnaîtraient.
Cette fois, il ne pouvait se permettre de prendre un navire pour rejoindre Demacia. Le chemin le plus direct consistait à traverser la rivière Serpentine et à sillonner les Marais Bouillonnants, tout droit vers la cité de Justice. Mais entreprendre le voyage à pieds lui prendrait beaucoup trop de temps. C'était avec cette pensée qu'il se dirigeait vers des écuries. L'envie de voler une monture le titillait, mais son honneur en prendrait un sacrée coup.
Il abandonna l'idée en repartant. Dans cette ville il n'y avait aucun invocateur, aucune personne pouvant lui donner ce qu'il désirait. Il commençait à faire demi-tour quand un attroupement attisa sa curiosité. En priant pour que la nouvelle de la chute de l'Institut ne se soit pas déjà répandue, il s'approcha de la foule.
Des cavaliers en armure d'argent teintées de bleues et jaunes descendaient de cheval. Paladïn sourit en reconnaissant leurs insignes. Il attendit qu'ils entrent dans une auberge où le monde se faisait moins dense pour s'approcher de leur capitaine. À son arrivée, ce dernier leva les yeux de sa chope et décréta d'une voix sombre :
-Qui se cache donc derrière cette cape ? Montrez-vous, voyons !
-Malheureusement j'ai peur d'attiser trop de curiosité et de panique si je me dévoile devant tant de personne.
Les soldats demaciens semblèrent reconnaître la voix de l'étranger, puisqu'ils le laissèrent s'asseoir.
-Paladïn Nabamael ? Qu'est-ce que vous... débuta le capitaine.
-Chut ! Moins fort, capitaine !
Le demacien s'assura qu'il n'avait pas élevé les soupçons et poursuivit à voix basse.
-Paladïn, nous vous pensions sur la Faille de l'Invocateur à cette heure-ci, enfin, on ne pensait pas vous revoir avant que le match ne soit terminé.
-Je ne sais pas si on peut qualifier ce combat de «terminé» mais c'est la raison qui m'amène ici.
Il se pencha vers lui et murmura :
-La League est tombée en plein milieu de notre match. Nous avons discuté quelques minutes des conséquences désastreuses de cet évènement avec Kayle ; bien que nous devrions tous rentrer chez nous, ma priorité reste d'arrêter ceux qui veulent nuire à Demacia.
-Vous voulez dire que les champions emprisonnés par la League ont aussi pu s'échapper... Ça pour des nouvelles catastrophiques... Je comprends mieux pourquoi vous vous cachiez... Nous devons rentrez à Demacia sur le champ !
Sur ces mots, il se leva. Paladïn le calma d'un geste de la main.
-Non, vous devez d'abord assurer la sécurité des nombreux villages avoisinants la capitale. Brand doit déjà être en chemin et tout le monde doit être prêt à évacuer.
Le capitaine pesa ses mots. Paladïn n'était pas son supérieur hiérarchique, mais il allait certainement le devenir...
-Très bien, nous allons commencer la retraite le plus rapidement possible. Vous devez rejoindre Demacia au plus vite, mon cheval est à votre disposition.
Paladïn le remercia avec une poigne fraternelle et sortit de l'établissement avec une mine grave et résolue, bien qu'il soit satisfait de sa manoeuvre.
