Les rayons du soleil commençaient doucement à percer les murs en bambous de la cabane, offrant, au travers de la végétation, une luminosité faible mais qui parvint à réveiller Madwain. Ce dernier n'étant pas vraiment matinal, il lui fallut plusieurs heures pour se décider à se redresser.
Après s'être péniblement assit, il se figea, toujours les yeux fermés. Il avait l'air de regarder devant lui mais il semblait être dans un état assez proche du légume. Une minute passa. Madwain s'étira en baillant. Il ouvrit progressivement les yeux. Il se gratta l'arrière de la tête et descendit du lit. Il se dirigea vers la sortie de la cabane en passant sommairement sa main dans ses cheveux, sachant, même sans miroir que sa coupe de cheveux devait valoir la meilleure blague du monde. Il remarqua que le vieux n'était pas dans la cabane. Il sortit. La lumière du soleil fut comme une grande gifle. Il devait être midi et il faisait chaud. Pas le moindre nuage n'était visible entre les feuilles des arbres. Il prit une grande inspiration.
Bon, il faut qu'on retourne à Piltover.
Il s'arrêta quelques secondes, comme s'il attendait une réponse. Il tapota de son index son oreillette droite.
Hey, t'est encore la ?
Il appuya sur le bouton de son casque. Un son se fit entendre, ce qui laissa Madwain perplexe.
Madwain resta silencieux quelques instants.
-Hé ho ? Y'a quelqu'un ?
Le son se brouilla encore quelques instants puis disparut et ML0-D se fit enfin entendre, doucement :
Mmmh....
-Hé ML0-D tu dors ou quoi ?
Que... quoi ?
-... Clairement, tu dormais là...
Ah heu... non enfin oui...
-T'en met du temps a émerger.
Je ne comprends pas, pourtant je suis sensé me lier avec toi donc me sentir à peu près comme tu te sens...
-Ah... Bah laisse tomber c'est normal alors...
Quoi ?
-Laisse tomber j'te dis. Tu comprendras avec le temps. Je pense...
Ah, je vois... T'es pas vraiment du matin...
-...Non...
Et bah ça promet...
-Oh ça va hein.
-Tu parles tout seul maintenant ?
Le vieux venait de revenir et ne pouvait pas comprendre la situation car il ne pouvait entendre qu'une moitié de la conversation. Il revenait de derrière la cabane et portait à la main un sac en tissu raccommodé qui semblait contenir quelque chose.
-Ah désolé... Je... J'avais besoin de m'entretenir avec moi-même.
Le vieux sourit.
-C'est bien... Mais de quoi parliez-vous si je ne suis pas indiscret ?
-Heu... ça nous reg... enfin ça me regarde.
-Bien alors juste une chose.
-Quoi donc ?
-La prochaine fois que tu discutes avec tes gants... soit plus discret. Ce n'est pas le genre des choses qu'on voit tous les jours et je pense qu'on risque soit de te prendre pour un fou, soit qu'on ait envie de te piquer tes gants, juste pour voir. Mais je pense que la première possibilité est celle qui est la plus probable.
-De toute façon... ces gants doivent retourner à Piltover. C'est ce qui m'a été demandé...
-Ah ? s'enquirent le vieux et ML0-D en même temps.
-Quoi ? J'ai dit un truc bizarre ?
-Hé bien... Tu sais mon petit, tu rates probablement une opportunité qui ne se représentera plus... Mais, libre à toi de faire ton choix.
-Bah... C'était ce qu'on m'avait donné comme mission... Je dois rapporter ces gants à Heimer-machin.
-Tout seul depuis Piltover ? demanda le vieux en levant un sourcil d'un ton sceptique.
-Non. Non bien sûr, j'étais accompagné par Caitlyn et Vi.
-Ah oui. Je vois qui elles sont. Elles ont une certaine réputation.
-Oui, et nous avons été séparés...
-Comment ?
-Ben, j'ai pas vraiment compris mais, y'a une gamine avec deux tresses qui nous a tiré dessus au lance-roquettes !
-...
-Vous me croyez pas ?
-Si, mais je pensais pas que Jinx viendrait vous chercher jusque-là... Jusqu'où ira donc sa jalousie.
-Vous la connaissez ?
-Mmmoui on peut dire ça...
La conversation continua. En discutant, le vieux ouvrit son sac et en sortit des fruits ressemblant beaucoup à des pêches. Il croqua dans un et en proposa un à Madwain. Ils prirent leur petit déjeuner quand Madwain souleva un point :
-Au fait...
-Oui ?
-Je voulais vous demander... Vous avez mis quoi dans la viande hier soir ? C'était super bon.
-Ah ça... J'ai mis un peu de ceci.
Il sortit de son sac une branche sur laquelle se trouvaient encore quelques fruits noirs. Ils étaient parfaitement ronds, de la même taille qu'une boule de billard et dur comme du bois.
-Alors, je te préviens, je ne sais pas ce que sont ces fruits... Il y a un arbre non loin d'ici qui les fait pousser... Si tu en veux je te passe cette branche. Si tu la replantes, l'arbre repoussera. Les fruits ne contiennent pas de graines donc garde bien cette branche intacte. Mais ne cuisine jamais le fruit si tu ne l'as pas séché ! Si tu n'enlèves pas tout le jus, tu t'empoisonneras...
-Empoisonner ? Du genre mal de bide ?
-Non.
-Vomissement ?
-Non.
-Je ne sais pas moi, des plaques sur la peau ? Des boutons ?
-Tout en même temps en fait...
Madwain lui jeta un regard interrogateur.
-Et la mort.
-Heu... Vous me faites marcher là...
-Oui j'avoue.
-Ah vous m'avez fait peur.
-Seul la mort est un symptôme notable. Et non ce n'est pas une blague.
-Vous avez une méthode particulière pour les dessécher ?
-Les presser bien fort.
-A la main ?
-Oui, enfin moi je suis un peu vieux alors je les écrase entre de morceaux de bois plats. Je les ai taillés dans un grand tronc.
-Ok, je... je vois.
Madwain prit la branche avec les quelques fruit.
-Je peux vous emprunter un sac ? Je n'étais pas supposé en avoir besoin...
-Tsss, bien sûr. Je vais te donner le mien. C'est celui que j'ai utilisé pour emmener mes affaires ici. Il est grand et très résistant. On en fait plus des comme ça. sourit-il.
Il prit un gros sac posé dans sa cabane à côté de l'entrée.
-Et puis prend quelques provisions. La sortie de la jungle n'est pas si loin que ça, je te conseille de n'utiliser ces provisions qu'une fois sortit. Je pense que tu sauras te débrouiller dans la jungle pour te nourrir.
Madwain prit le sac que le vieillard venait de remplir de fruits et de viande restant de la veille.
-Je ne sais pas trop comment vous remercier ...
-Laisse tomber les remerciements, jeunot. T'as pas l'air doué pour ça. File maintenant, c'est pas la porte à coté Piltover.
Madwain partit, son nouveau sac sur le dos.
-Bon ben, salut !
-Au revoir.
