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Elyonah, la Guerrière de l'Éclipse

Chapitre 9 - Jour et nuit

le 27 avril 2016

Malgré sa rapidité effroyable acquise durant ses nombreux entraînements, Elyonah perdu Leona de vue. Son instinct hurlait dans ses tympans de faire demi-tour, de redescendre, de fuir. Mais elle avait déjà trop perdu pour reculer.
Elle continua sa montée, perdant en agilité et en vitesse au fur et à mesure de son ascension. A chaque recoin, elle craignait de voir le corps de Leona étendu au sol, mais, au bout de la première nuit, elle reprit confiance en sa tutrice.
Comme si le ciel pleurait la perte de ses adorateurs, le soleil se leva le lendemain, rouge, jusqu'à ce qu'une éclipse totale couvre le Mont Targon durant plusieurs heures.
Elyonah grimpait dans le noir, à tâtons. Les pierres sous ses pieds menaçaient de s'effondrer à chacun de ses appuis, elle trébucha une vingtaine de fois, la plupart du temps en se rattrapant de justesse.
Le souvenir de son enfance refit surface ; l'initiée qu'elle était laissait sa place à Elyonah, la petite fille qui mettait la montagne au défi pour récupérer sa soeur.
Aujourd'hui, Allia était Leona, et le temple se situait au sommet de cette fichue montagne.
Le souffle rauque, la gorge asséchée, elle continua sa montée aveugle. Lorsque la lune descendit et qu'elle retrouva la vue, Elyonah se rendit compte qu'elle se tenait juste en dessous de la brume des sommets. Elle étira ses muscles engourdis, mis la main sur son épée et pénétra dans le nuage gris.
Après la vue, son ouïe devenait inutile. Aucun son, aucun souffle trahissant une quelconque présence ne s'entendait dans cet endroit. Même le bruit de ses propres pas ne parvenait pas jusqu'à ses oreilles.
Elle ne croisa finalement aucune créature étrange dont parlaient souvent les guerriers, et quand elle franchit finalement le voile gris, le sommet du Targon lui tendit les bras.
Elle prit une grande bouffée d'air, le temps que toutes les croyances sur le sommet s'effondrent devant elle : ni cité, ni lumière, ni quelconque être céleste ne hantait les lieux. Avec ses dernières forces, elle sourit et souffla :
-Bah, va falloir que je raconte ça à Allia...
Elle s'effondra.
Quand Elyonah se réveilla, ce n'était pas dans le paradis qu'elle avait espéré, mais toujours le sommet du Targon. Le soleil débutait sa montée tandis qu'à l'opposé, la lune se couchait. Quand les deux astres ne furent plus que deux moitiés opposés, le ciel se fendit.
Une lumière blanche et fine descendit de l'ouverture, illuminant fortement le sommet de la montagne. Bientôt, Elyonah se retrouva à la frontière d'un univers mi-blanc mi-noir. La jeune femme leva les yeux sans savoir qu'elle allait fixer une éclipse totale. Sa pupille se dilata à un point impensable tandis que son iris se mit à brûler. Elyonah cria de douleur, mais ne put détourner le regard. Quand le fil qui la retenait se coupa, elle mit ses mains sur ses yeux. Du côté du soleil, ses larmes s'évaporaient. Du côté de la lune, ses larmes glaçaient. Elle était coincée entre l'éternel jour et l'éternel nuit, ne pouvant aller d'un côté sans avoir besoin de l'autre.
Elle ouvrit en premier son oeil droit : une lueur lumineuse lui indiquait la lumière, l'élément qui l'avait bercé depuis sa naissance.
Elle changea pour son oeil gauche : une lueur blanche et froide la regardait, lui précisant avec curiosité de la suivre pour découvrir ce monde inconnu.
Elyonah ferma les yeux quelques secondes puis les ouvrir en même temps. Deux silhouettes se tenaient devant elle, mains tendues.
Leona... ou Diana…
La jeune femme leur donna ses deux bras. Deux sourires se tracèrent, et elle hurla de nouveau alors que se séparaient les deux moitiés de son corps. Son âme, elle, resta prisonnière sur place, regardant s'envoler ses dernières traces d'humanité. Le sol devint gris et liquide ; son âme s'approcha de la surface. Les ondes se rependirent en cercle autour d'elle, puis, après s'être éloignées, revinrent vers elle avec la douleur qui l'avait déchiré.
Comme si les êtres en avait fini avec ses moitiés, les deux parties de son corps se rapprochaient, mais cette fois, plus elles étaient proches l'une de l'autre, plus la température s'équilibrait.
Ne cherche pas à suivre une pensée qui n'est pas la tienne, écris ta propre histoire, Guerrière de l'Éclipse…
Quand son corps fusionna dans son intégralité, la jeune femme s'effondra.

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